Communiqué – Coalition PLUS lance sa campagne contre la guerre aux drogues

Juillet 2018 – Dans le cadre de la 22e Conférence internationale sur le sida (AIDS 2018) qui réunira du 23 au 27 juillet à Amsterdam 18 000 participants (scientifiques, activistes et responsables politiques), Coalition PLUS, qui rassemble 100 associations de lutte contre le sida réparties dans 40 pays, lance sa campagne « Just say no to the war on drugs » (« Dites non à la guerre aux drogues »). Elle se présente comme un « pied de nez » à la célèbre campagne américaine « Just say no to drugs » des années 80.

En effet, il y a 32 ans aux Etats-Unis, la Première Dame Nancy Reagan disait non à la drogue dans une campagne qui se prétendait éducative. En réalité très moralisatrice et stigmatisante, cette campagne a eu pour seul effet d’accentuer une guerre extrêmement coûteuse, meurtrière et inefficace contre les drogues dans le monde.

Aujourd’hui, nous, Coalition PLUS, disons non à la guerre aux drogues. Nous demandons un changement en profondeur du paradigme mondial sur les drogues. Nous voulons une politique des drogues pragmatique, fondée sur des preuves scientifiques et privilégiant la santé des usagers-ères à leur répression aveugle et contre-productive.

La guerre aux drogues : la meilleure alliée des épidémies de VIH et d’hépatites virales

Alors qu’elle n’a pas fait baisser ni la consommation ni les trafics, la guerre aux drogues a conduit à une véritable catastrophe sanitaire. Elle a pour effet de discriminer et, plus grave encore, de criminaliser les usagers-ères de drogues, ce qui les précarise, les marginalise et entrave leur accès à la santé et aux outils de prévention. 80% des études scientifiques concluent que la criminalisation des personnes consommatrices de drogues aggrave les épidémies de VIH et de VHC.

Près d’1 usager-ère de drogues injectables sur 5 dans le monde vit avec le VIH et plus de la moitié avec le virus de l’hépatite C (VHC).
• Près d’1 nouvelle infection à VIH sur 10 dans le monde concerne une personne usagère de drogues [Degenhardt, L. et al. (2017)].
• Les nouvelles infections à VIH dans le monde ont augmenté de 33% parmi les usagers-ères de drogues entre 2011 et 2015 [Degenhardt, L. et al. (2017)]. Elles explosent en particulier en Europe de l’Est et en Asie centrale, ainsi qu’au Maghreb et en Afrique de l’Ouest et du Centre.
Les personnes usagères de drogues ont moins accès aux antirétroviraux que les autres. En Russie, elles ne représentent que 25% des personnes sous traitement alors qu’elles constituent 67% des personnes vivant avec le VIH. En Asie, seulement 18% des personnes consommatrices de produits étaient sous traitement en 2013.

« Dans les années 90, la guerre à la drogue a failli me tuer, et c’est à cause de cette politique que j’ai été infecté au VHC et au VIH, témoigne Luís Mendão, Président de l’association portugaise GAT et administrateur de Coalition PLUS. Avec mes camarades séropositifs et nos alliés, nous avons obtenu l’arrêt de cette ineptie dans notre pays. Nous voulons une politique des drogues basée sur la connaissance scientifique, le respect des droits humains et la participation communautaire ! »

Changement de paradigme : priorité aux programmes de réduction des risques (RDR)

Au niveau mondial, seules 8% des personnes qui consomment des produits psychoactifs et auraient besoin d’outils de réduction des risques y ont effectivement et pleinement accès ! En 2016, seulement 90 pays sur la planète disposaient d’un programme d’échange de seringues et 80 d’un programme d’accès aux traitements de substitution aux opiacés.
Pourtant, face au risque d’infection à VIH et aux hépatites virales, les outils de réduction des risques ont fait leurs preuves : mise à disposition de matériel stérile (seringues et aiguilles, filtres, roule-ta-paille, pipes, etc.), accompagnement à l’injection, salles de consommation à moindre risque (SCMR), etc.

C’est notamment le cas au Portugal où des investissements massifs dans la réduction des risques ont permis à partir des années 2000 de freiner drastiquement la dynamique de l’épidémie de sida : en 2013 seulement 7% des nouvelles infections concernaient les usagers-ères de drogues, alors que 13 ans plus tôt cela montait à 52%. A l’opposé, à Maurice, les nouvelles infections à VIH ont bondi de 20% en 2015 chez les personnes usagères de drogues injectables, un an après que les programmes de réduction des risques ont été remis en cause par le Ministre de la Santé. Une situation dénoncée avec force par PILS, notre association membre à Maurice.

Aux responsables politiques, magistrats, forces de l’ordre et aux personnels de santé de tous les pays, nous demandons :

• La décriminalisation des personnes usagères de drogues comme le recommandent les Nations Unies dans une déclaration conjointe avec l’Organisation Mondiale de la Santé datée du 27 juin 2017.
• L’accès universel aux outils de réduction des risques (échanges de seringues, salles de consommation à moindre risque) et aux traitements de substitution, y compris en milieu carcéral.
• L’arrêt immédiat des discriminations et mauvais traitements infligés aux personnes usagères de drogues, ainsi que des politiques toxicophobes.
• Une augmentation des financements domestiques et internationaux à destination des programmes de réduction des risques.

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