IAS 2017 : Pour mettre fin au sida, il ne manque plus que la volonté politique !

Du 23 au 26 juillet 2017, 6000 participants-es venus-es du monde entier se retrouvent à Paris (Palais des congrès) pour la conférence de l’International Aids Society (IAS)[1], conférence scientifique mondiale sur le VIH/sida. À cette occasion, Coalition PLUS et son membre fondateur français AIDES appellent à la mobilisation générale pour mettre fin d’ici 2030 à une épidémie qui tue encore une personne dans le monde toutes les trente secondes.

Le nouveau rapport d’ONUSIDA s’ouvre sur un chiffre positif : plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH ont enfin accès à un traitement. Si nous saluons bien sûr cette avancée, d’autres chiffres montrent que l’épidémie est loin d’être endiguée : en 2016, 36,7 millions de personnes vivent avec le VIH, 1 million en meurent chaque année et encore 23% des personnes qui se savent séropositives n’ont pas accès aux traitements. En Afrique de l’Ouest et du Centre, seules 35% des personnes vivant avec le VIH ont eu accès à un traitement antirétroviral. Dans la région Europe de l’est et Asie centrale, le rapport annonce une augmentation de 38% des décès liés au sida sur dix ans. Ce chiffre atteint 48% pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Pourtant, nous disposons aujourd’hui de tous les outils nécessaires pour éradiquer l’épidémie et ce sans même attendre un éventuel vaccin. Les traitements permettent de rendre la charge virale indétectable, supprimant le risque de transmission du virus. La PrEP protège les personnes n’utilisant pas systématiquement le préservatif de contracter le VIH. Les programmes de réduction des risques (échanges de seringues, salles de consommation à moindre risque, etc.) permettent de briser la propagation du virus parmi les usagers de drogues. Des stratégies de santé publique ont elles aussi donné des résultats exemplaires : dépistage communautaire, démédicalisation, mise sous traitement dès le dépistage positif, priorisation des populations-clés[2], etc.

Le nouveau rapport ONUSIDA chiffre à 7 milliards de dollars par an (soit 0,01% du PIB mondial) le montant manquant pour atteindre les objectifs. Or le Fonds mondial n’a reçu que 170 millions de dollars annuels de plus[3] sur 2017-2019 par rapport à 2014-2016. Cet instrument de financement et UNITAID ont pourtant fait leur preuve en sauvant plus de 20 millions de personnes depuis leur création[4].

Résultat, les acteurs de la lutte contre le sida sont mis face à des choix cornéliens : choisir entre accroître la prévention ou les mises sous traitement, ou encore retirer l’aide internationale des pays à revenu intermédiaire pour la concentrer dans les pays les plus pauvres.

Sans une augmentation substantielle des contributions financières de l’ensemble des pays développés à la lutte contre le VIH, et notamment la France, leader historique de cette lutte, il est illusoire d’espérer briser la dynamique de l’épidémie.

[1] https://www.ias2017.org

[2] Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, usagers-ères de drogues, travailleurs-euses du sexe, migrants-es d’origine subsaharienne.

[3] Le Fonds mondial a obtenu 11,1 milliards de dollars pour 2017-2019 (https://www.theglobalfund.org/media/6284/bm36_meeting_report_en.pdf p.30), contre 10,2 milliards de dollars pour 2014-2016 (https://www.theglobalfund.org/media/4094/bm31_decisionpoints_report_en.pdf p.8), soit à peine 1 milliard de plus pour financer la lutte contre les trois grandes pandémies. Environ 50% des moyens du Fonds sont dédiés à la lutte contre le sida: les moyens du Fonds mondial contre le VIH n’ont augmenté que de 500 millions de dollars sur 3 ans, soit moins de 170 millions de dollars de plus par an.

[4]https://www.theglobalfund.org/media/1123/corporate_2016resultsreport_report_fr.pdf

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