Contre le sida, le compte n’y est pas !

A trois mois de l’échéance, on dénombre encore 10 millions de personnes qui attendent un traitement. Aujourd’hui, les pays donateurs au Fonds Mondial de lutte contre le VIH/sida se retrouvent à New-York, certains annonceront leurs contributions financières pour 2010 2013, et les sommes annoncées sont loin d’être suffisantes pour enrayer l’épidémie.
Permettre à toutes les personnes séropositives et à toutes les personnes malades du sida d’avoir un traitement, c’est possible. Les pays pauvres qui luttent contre le VIH/sida ont besoin d’au moins 20 milliards de dollars pour 2011-2013, alors que la totalité des sommes annoncées par les pays donateurs atteint péniblement les 12 millions de dollars. Avec 20 milliards de dollars, ce sont 7,5 millions de personnes qui pourraient être mises sous traitement anti-VIH, et 76% des besoins en matière de réduction de la transmission mère-enfant qui pourraient être couverts. La France, qui donne 300 millions d’euros par an au Fonds Mondial, a prévu d’augmenter sa contribution de 20 à 30% alors que chaque pays devrait doubler sa contribution. « On a les moyens aujourd’hui d’arrêter l’épidémie de sida dans les pays pauvres en mettant tous les malades sous traitement. » rappelle Eric Fleutelot, directeur général adjoint de Sidaction. Dans les pays riches, les personnes séropositives ont une espérance de vie relativement correcte, « on veut partager cet espoir de vie ». Il faut le rappeler : ne pas doubler les financements, c’est laisser mourir 3 millions de malades du sida et laisser 3 millions d’orphelins du sida sans prise en charge.
25 millions d’euros pour le bouclier fiscal de madame Bettencourt, 185 millions d’euros pour le nouvel avion présidentiel, 500 millions d’euros de prime pour les traders de BNP Paribas… Des efforts budgétaires importants sont déployés lorsqu’il s’agit de sauver l’économie mondiale ; des efforts similaires en matière de lutte contre le VIH/sida pourraient empêcher des millions de transmissions du virus. La taxe sur les transactions financières et les changes est un autre exemple qui permettrait de financer la prévention, le traitement et la prise en charge des personnes porteuses du VIH/sida ; comme la production et l’exportation de médicaments génériques qui doivent être soutenues par les pays riches pour permettre l’envoi de traitements peu coûteux dans les pays pauvres. Les solutions de financements existent, et l’argent investit aujourd’hui permettra de faire de réelles économies sur le moyen terme. « Aujourd’hui et dans les semaines qui viennent vont se prendre les décisions les plus importantes concernant la lutte contre le sida » explique Emmanuel Trénado, secrétaire permanent de la coalition Plus. Si le message doit être entendu, c’est maintenant.

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