La PrEP, cet outil préventif au service des communautés


Les résultats de l’étude iPrEx, publiés dans le New England Journal of Medicine du 23 novembre 2011, ont confirmé que l’utilisation d’antirétroviraux chez des gays non-infectés réduit le risque d’infection de 44%. Ces données encourageantes, auxquelles se sont depuis greffées nombre d’autres portant sur différents groupes cibles, expliquent en partie que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) puisse susciter un espoir en matière de prévention de la transmission du VIH et occupe une place importante dans les présentations et débats de la 19ème Conférence internationale sur le sida de Washington.

En France, c’est l’étude Ipergay, de l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS) – dont la phase pilote de faisabilité et d’acceptabilité a démarré en février 2012 et qui vise à apporter une réponse scientifique sur la réelle efficacité de la PrEP chez les Hommes ayant du sexe avec des Hommes (HSH) en complément des mesures habituelles de prévention, dont l’usage du préservatif -, qui occupe le devant de la scène médiatique VIH/sida depuis de nombreux mois. Et qui, soulignons-le, déchaîne les passions. Car la PrEP ne fait pas l’unanimité ou soulève certaines réserves, pour trois raisons au moins : elle ne protège pas des autres IST sans utilisation combinée du préservatif, son efficacité dépend du bon usage et de la bonne observance du traitement antirétroviral utilisé, et son implémentation soulève certaines questions, d’ordre éthique notamment.

Les défis et enjeux soulevés par la mise en place de cette nouvelle stratégie sont de taille, il est vrai. Et il est bien entendu impératif de n’en négliger aucun. Néanmoins, que l’on soit pour ou contre, la PrEP doit avant toute chose être considérée – par ses défenseurs comme par ses détracteurs – comme un outil supplémentaire de prévention, avec ses forces et ses faiblesses. A l’instar des autres stratégies préventives, préservatif y compris, celle de la Prep est imparfaite et ne saurait être considérée comme la panacée, mais elle donne des résultats désormais scientifiquement quantifiés et vérifiés, et a surtout le mérite indéniable de proposer une alternative à celles et ceux qui, pour des raisons diverses qu’il ne nous appartient pas de juger, renoncent, occasionnellement ou non, à appliquer les règles traditionnelles du « safer sex ». Quant à la question de savoir si la PrEP doit être accessible à l’ensemble de la population et non réservée aux seuls groupes cibles les plus vulnérables à l’épidémie, elle n’est bien sûr pas d’actualité pour l’heure. Nous avons toutefois le devoir d’envisager une telle mesure, du moment que cela un impact positif sur le cours de l’épidémie et que cela ne porte pas préjudice à la personne.

Car l’idée est vraiment de permettre à chaque individu de s’approprier la ou les stratégies préventives qui lui conviennent le mieux, sur la base d’informations contrôlées et objectives, lui donnant la possibilité d’en identifier clairement les avantages, les limites et les risques. Pour l’heure, la stratégie préventive la plus adoptée, toutes populations confondues, est le préservatif. Mais qu’on veuille on non l’admettre, le préservatif ne convient pas à tout le monde et n’est de toute évidence pas systématiquement adopté, ni utilisé. Il est donc de notre devoir de nous adapter aux besoins et attentes des différents publics cibles et d’inclure les communautés dans les processus de réflexion visant à établir des nouvelles stratégies préventives qui soient complémentaires, voire alternatives à celles privilégiées actuellement.

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