Crise au Venezuela : renforcer la prévention et améliorer la prise en charge du VIH chez les personnes migrantes en Equateur

Depuis quelques années, le Venezuela s’enfonce dans une grave crise humanitaire, avec des répercussions dramatiques sur l’état sanitaire du pays. Une situation d’urgence qui renforce la vulnérabilité des personnes infectées et exposées au VIH/sida. Et avec l’arrivée massive de Vénézuéliens-nes exilés-es, l’Equateur, pays d’intervention de Kimirina, membre de Coalition PLUS, est aussi concerné. Afin d’améliorer la prise en charge des personnes migrantes vivant avec le VIH et de prévenir les nouvelles infections au sein des populations déplacées, l’association a signé en avril une convention de financement avec le gouvernement français.

Venezuela : les personnes infectées et vulnérables au VIH durement frappées par la crise

Depuis 2014, l’économie du Venezuela s’effondre, entre pénuries récurrentes et inflation galopante. Dans ce contexte, le système de santé se dégrade rapidement. Le manque de moyens alloués aux hôpitaux et les ruptures de stocks de produits de santé créent un environnement favorable à la ré-émergence de maladies infectieuses jusqu’ici sous contrôle. Cette situation est particulièrement dangereuse pour les personnes vivant avec le VIH et les populations les plus vulnérables au VIH/sida. Ainsi, plus de 60 000 personnes séropositives ont souffert des pénuries de traitements. Alors que le matériel manque pour dépister et diagnostiquer l’infection, le nombre de décès liés au sida explose, de même que le nombre de nouveaux cas. La tuberculose fait également des ravages, avec plus de 10 000 cas estimés en 2017. Plus du tiers des nouveaux cas sont diagnostiqués parmi les populations vulnérables, notamment les personnes vivant avec le VIH, mais aussi les détenus-es et les populations indigènes.

A ces problèmes sanitaires s’ajoutent des atteintes aux droits des militants-es vénézuéliens-nes de la lutte contre le sida, dénoncées par le Réseau vénézuélien des personnes vivant avec le VIH (Red Venezolana de Gente Positiva, RVG+). En effet, selon RVG+, les autorités auraient mené en février 2019 un raid contre la fondation MAVID et procédé à des arrestations arbitraires. La Plateforme Amériques-Caraïbes de Coalition PLUS, pilotée par Kimirina, avait alors affirmé sa solidarité avec les activistes vénézuéliens à travers une déclaration.

L’Equateur, pays d’accueil pour les exilés-es en provenance du Venezuela

Pour survivre, les Vénézuéliens-nes vivant avec le VIH ont peu de choix qui s’offrent à elles-eux. Certains-es ont recours au marché noir pour se procurer des traitements antirétroviraux à prix prohibitifs, d’autres se font envoyer des médicaments par leurs proches vivant à l’étranger, d’autres encore se tournent vers des méthodes naturelles, inefficaces contre le virus. L’émigration, principalement vers les pays voisins, est le dernier recours. Depuis 2014, plus de quatre millions de personnes auraient fui le Venezuela, dont près de 8000 vivant avec le VIH.

Avec 250 000 migrants-es vénézuéliens-nes résidant sur son territoire, l’Equateur est l’une des principales destinations des exilés-es. Devant l’arrivée massive de personnes déplacées, le pays peine à répondre à leurs besoins fondamentaux, notamment en matière de prévention et prise en charge de l’infection à VIH. Lorsqu’ils-elles arrivent sur le territoire équatorien, les migrants-es vénézuéliens-nes vivant avec le VIH sont souvent en rupture de traitement, ce qui peut créer des résistances. Certains-es développent des maladies opportunistes qui doivent être prises en charge. Par ailleurs, comme le montre l’étude ANRS-Parcours en France, les conditions et circonstances des migrations font le lit de l’épidémie. Précarité, difficultés d’accès à la prévention et au soin, mais aussi violences sexuelles, créent un terrain favorable aux nouvelles infections à VIH.

Equateur : améliorer la prévention et la prise en charge du VIH chez les personnes migrantes

« Actuellement, 500 ressortissants-es étrangers-ères vivant avec le VIH bénéficient d’un traitement en Equateur », a affirmé la ministre de la Santé équatorienne, Verónica Espinosa. « Nous avons conscience qu’il y a probablement davantage de personnes déplacées qui en auraient besoin : mais avant de pouvoir leur proposer le traitement, nous devons parvenir à les dépister. Or, l’accès au système de santé est difficile pour ces personnes, car elles ne connaissent pas son fonctionnement et craignent d’être expulsées ou discriminées ».

Afin d’atteindre cette population marginalisée, Kimirina, membre de Coalition PLUS en Equateur, met en place des actions spécifiques de prévention et dépistage communautaire, co-financées par la France. Les personnes migrantes dépistées positives au VIH pourront, selon leur situation, être réorientées vers les services du ministère de la Santé équatorien si elles résident en Equateur, ou, si elles sont en transit vers un autre pays de la région, être accompagnées pendant quatre mois par Kimirina. Tous-tes pourront bénéficier gratuitement d’une prise en charge complète.

« Cette coopération inédite entre le gouvernement français et une ONG équatorienne est une reconnaissance du travail que nous réalisons chaque jour auprès des communautés les plus touchées par le VIH/sida, en complémentarité avec le ministère de la Santé », s’est félicité Amira Herdoiza, directrice exécutive de Kimirina. « Notre rôle est d’aller vers les personnes les plus vulnérables, dans les endroits les plus difficiles d’accès. C’est en incluant ces personnes stigmatisées et discriminées que nous pourrons combattre le sida ».

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