Mobilisons-nous pour les droits à la santé des personnes transgenres

Communiqué de presse – 31 mars 2020

A l’occasion de la Journée mondiale de la visibilité Trans, mercredi 31 mars, Alliance globale des communautés pour la santé et les droits (AGCS PLUS), déployée dans 10 pays d’Afrique francophone et membre du réseau international de lutte contre le sida et les hépatites Coalition PLUS, rappelle qu’accéder aux services de santé est un droit fondamental dont les personnes transgenres sont encore trop souvent privées. 

Les personnes transgenres sont fortement vulnérables et sont particulièrement exposées aux infections sexuellement transmissibles et au VIH. Les données du VIH sur la population transgenre restent limitées. Cependant, selon les enquêtes bio comportementales conduites en 2020 auprès des personnes transgenres dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, les prévalences à l’infection à VIH s’avèrent très élevées dans la communauté trans : 21,9% au Bénin et 26,3% en Côte d’Ivoire[1].

On note aussi que les personnes trans ne bénéficient que des programmes conçus avec et pour les Hommes ayant des rapports Sexuels avec les Hommes (HSH). Or, ces programmes ne prennent pas en compte les spécificités de la transidentité.

En raison de la stigmatisation, discrimination et des violences qu’elles subissent, les personnes trans se retrouvent marginalisées et donc éloignées des systèmes de santé.

 Effets néfastes de la stigmatisation, des discriminations et des violences

Une étude réalisée en Côte d’Ivoire auprès des personnes trans montre qu’uniquement 0,5%  ont un emploi dans le secteur public, et 13,4% sont employés dans le secteur privé.  88% des participants ont déclaré avoir été victimes de harcèlement et de pression psychologique (injures, railleries). Ces violences peuvent parfois aller jusqu’à l’atteinte à l’intégrité physique (52,7%) ou aux violences sexuelles (29,9% pour les trans-femmes et 13.6% pour les trans-hommes). 

Au Togo, l’association UNITY a récolté pas moins de 23 cas de violences faites aux personnes transgenres lors du dernier trimestre de l’année 2020 : 15 actes de violences psychologiques, 8 actes de violences économiques et 5 actes de violences physiques.

Le plus souvent les victimes de ces actes de violences se trouvent désœuvrées et sans moyens pour leur prise en charge socio-sanitaire, psychologique et juridique nécessaires à la réparation de leur dignité.

Dans certains cas, les actes de violences subis par les personnes transgenres ont lieu dans les formations sanitaires et sont l’œuvre du personnel médical.

Au Cameroun par exemple, 51% des personnes transgenres déclarent avoir été victimes d’une rupture de la confidentialité sur leur identité de genre, orientation sexuelle ou statut sérologique selon une analyse situationnelle concernant l’accès à la prévention et aux soins des personnes transgenres menée par Sidaction en 2020. 42% ont subi au moins une fois un refus de soins. 64% ont été victimes de violences psychologiques diverses.

Le rejet familial, la stigmatisation, l’exclusion sociale chez les personnes transgenres conduisent très souvent à la dépression voire au suicide. Il devient donc nécessaire, voire impératif que les Etats mettent sur pied des mesures d’accompagnement de cette population.

Il est temps que les personnes transgenres puissent accéder à des soins de qualité. Aussi, nous, militants de AGCS PLUS, nous recommandons la mise en place urgente des mesures suivantes :  

  • Sur le plan médical :
  • Renforcer le plateau technique en équipement et matériels pour une identification, un accueil et une offre de soins, adaptés à la cible, en prenant en compte un service de santé mentale et d’endocrinologie.
  • Promouvoir et mettre à disposition des stratégies de prévention combinée auprès des populations transgenres, renforcer la surveillance biologique et comportementale du VIH et Informer sur le traitement hormonal.
  • Sur le plan des droits humains
  • Sensibiliser la société sur l’existence des personnes transgenres en promouvant le respect des droits humains, des lois antidiscriminatoires et de protection (dérivées des standards des droits de l’Homme afin d’éliminer la stigmatisation, la violence contre les minorités).
  • Former les acteurs juridiques sur la thématique de la transidentité et à la reconnaissance légale de la transidentité comme un genre.

En savoir plus sur la Transidentité 

La transidentité ou l’identité transgenre renvoie à une personne dont l’identité de genre ne correspond pas (ou plus) à celle de l’état civil indiqué à la naissance. L’identité de genre est un sentiment profond d’appartenance à une identité féminine, masculine ou autre indépendamment des caractéristiques biologiques et de l’orientation sexuelle. 

AGCS PLUS : réseau thématique de la Coalition Internationale SIDA, AGCS PLUS est un réseau francophone de défense des droits des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Le réseau couvre dix pays et mobilise 19 associations identitaires LGBTIQ+ et de lutte contre le sida d’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre.  L’action du réseau AGCS PLUS se déploie sur deux volets : la lutte contre le sida et la défense des droits des minorités sexuelles en Afrique.

Coalition PLUS : Union internationale d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales fondée en 2008, Coalition PLUS intervient dans 52 pays et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile. A travers le principe de gouvernance partagée qui la régit, notre union implique 16 organisations adhérentes, du Nord et du Sud, dans la prise de décision.


[1] Identification des besoins spécifiques en matière de prévention et de prise en charge IST-VIH/sida chez les personnes transgenres, Alliance Cote d’Ivoire

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