« Après 23 ans de lutte, je garde l’espoir que nous pouvons vaincre le VIH »

L’engagement de Martine Somda dans la lutte contre le VIH/sida au Burkina Faso ne date pas d’hier. Mais pour la présidente de l’association REVS+, une association de personnes infectées et affectées par le VIH/sida, de prise en charge médicale et communautaire, également membre de Coalition PLUS, chaque jour apporte son lot d’avancées dans la lutte contre l’épidémie.

Quel est votre parcours et comment est né votre engagement dans la lutte contre le sida ?

Je suis une personne séropositive depuis 1993 dont le témoignage à visage découvert a contribué à banaliser le VIH/SIDA au Burkina Faso et plus généralement en Afrique subsaharienne. J’ai perdu mon époux des suites du VIH en 1993. Je suis mère de quatre enfants et de six petits-fils. J’ai connu la dépression et le désespoir, la peur de mourir. Mais l’envie de vivre, de voir grandir mes enfants et surtout de changer la vision négative sur le VIH et les malades du sida m’a poussée à créer REVS+ en 1997.

Comment se concrétise, pour vous, la lutte contre le sida et quel avenir envisagez-vous ?

En tant que femme infectée par le VIH, j’ai initié une mobilisation communautaire des malades pour nous battre, pour nous revaloriser et ne plus vivre dans l’ombre et dans la peur, pour que les personnes séropositives ne soient plus victimes de discrimination, de stigmatisation et de rejet, pour qu’ils aient accès aux soins et aux traitements, qu’ils puissent se marier et avoir des enfants en bonne santé. Un accès à la dignité humaine, aussi simplement que les personnes séronégatives.

La lutte contre le sida est plus dure car cette problématique n’est presque plus une priorité de santé et les financements se font de plus en plus rares. Je suis vraiment inquiète sur ce point-ci. Mais aujourd’hui, les 23 ans d’expériences de vie et de lutte avec le VIH acquises me permettent de garder l’espoir que nous pouvons vaincre ce virus.

Quelle est la place des femmes dans lutte contre le sida au Burkina Faso ?

En tant que femme, on se rend compte que la conjugaison de plusieurs inégalités (physiologiques, psychologiques, sociales et culturelles) participe à une vulnérabilité accrue de la femme. Elle est la plus touchée par le VIH.

Mais une avancée significative est constatée au Burkina Faso pour ce qui est des droits élémentaires des femmes. Elles participent au même titre que les hommes dans certaines décisions tant politiques que communautaires, même si certains droits coutumiers ont la peau dure.

L’épidémie au Burkina Faso :

  • 110 000 personnes sont affectées par le VIH dont :
    • 13 000 enfants âgés de 0 à 14 ans
    • 57 000 femmes âgées de 15 ans et plus
  • 3 800 décès ont été dénombrés en 2014

Dans le monde :

  • En 2014, 36.4 millions de personnes étaient atteintes du VIH et 2 millions nouvellement infectées
  • Le sida reste la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans
  • Au total, 7 000 filles de 10 à 24 ans sont infectées chaque semaine par le VIH

Sources : ONUSIDA et Fonds Mondial

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