Au Burkina Faso, REVS PLUS dotée d’une machine de charge virale

C’est une première pour une association communautaire au Burkina Faso ! Après plusieurs années de plaidoyer auprès des institutions nationales de santé publique, REVS PLUS, membre burkinabè de Coalition PLUS, a réussi à acquérir une machine de charge virale qui permet de mesurer le succès d’un traitement chez les personnes vivant avec le VIH.

La charge virale est la quantité de virus présents dans le sang. Chez une personne vivant avec le VIH, la mesure de la charge virale permet d’évaluer la sévérité de l’infection et l’efficacité des traitements qui lui sont proposés. Elle reste le seul moyen pour une personne sous traitement de savoir si sa charge virale s’est suffisamment réduite jusqu’à en devenir indétectable. 

Ce qui constitue une information extrêmement précieuse tant sur le plan individuel que collectif : une personne avec une charge virale indétectable ne transmet plus le virus, elle rompt la chaîne des transmissions, elle devient un rempart contre l’épidémie. En disposant d’une machine capable de mesurer la charge virale dans ses locaux depuis juin, REVS PLUS peut désormais apporter un suivi de haute qualité à sa file active. 

Devant les locaux de REVS PLUS à Bobo-Dioulasso.
Les locaux de REVS PLUS à Bobo-Dioulasso. Crédit photo : Coalition PLUS, février 2019

Charge virale communautaire : une première au Burkina Faso !

Dans la plupart des pays, la mesure de la charge virale reste la prérogative exclusive des structures de santé publique. Au Burkina Faso, treize machines de charge sont gérées par le système public. Mais elles croulent la plupart du temps sous la demande. Conséquence : elles peinent à rendre les résultats des tests de charges virales dans les délais requis.

Victor Somé, Directeur de REVS PLUS. Crédit photo : Coalition PLUS / Régis Samba Kounzi, 2018
Victor Somé, Directeur de REVS PLUS. Crédit photo : Coalition PLUS / Régis Samba Kounzi, 2018

« Cela fait huit mois que nous n’avons pas reçu les résultats des prélèvements que nous avons effectués et acheminés vers la structure qui couvre notre région. Or, ce long temps de retour met en danger la vie des personnes vivant avec le VIH puisqu’il ne permet pas un suivi efficace de leur santé. C’est pourquoi il était urgent d’acquérir une machine supplémentaire basée au plus près de notre file active », souligne Victor Somé, Directeur de REVS PLUS.

Fondée en 1997 à Bobo Dioulasso et reconnue d’utilité publique en 2019, cette association communautaire membre de Coalition PLUS est pionnière dans la lutte contre le VIH au Burkina Faso et assure la prise en charge des personnes vivant avec le VIH depuis des décennies.

Un plaidoyer fortement soutenu par Coalition PLUS

Afin de rendre plus accessible le test de charge virale pour toutes les personnes vivant avec le VIH, REVS PLUS a intensifié son plaidoyer auprès des autorités du Burkina Faso pour autoriser les associations communautaires à réaliser le test de charge virale.

Un plaidoyer qui a porté ces fruits au-delà des espérances de l’association puisque la nouvelle machine de charge virale servira non seulement à REVS PLUS mais également à cinq autres associations communautaires. D’un coût estimé à 49 000 euros, la machine a été financée par le Secrétariat Permanent du Conseil National de Lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles (SP/CNLS-IST).

Si REVS PLUS a été sélectionnée pour assurer la gestion de cette 14e machine au Burkina Faso, c’est sans aucun doute au regard de sa longue et riche expérience dans la lutte contre le VIH. Mais, comme l’indique Victor Somé, l’appui technique et l’expertise qu’apporte Coalition PLUS ont également compté.

« L’appartenance à Coalition PLUS nous a permis de professionnaliser et développer notre plaidoyer, ce qui nous a rendus encore plus crédibles auprès des institutions nationales. »

Charge virale communautaire : plus de 4000 bénéficiaires en vue

Avec cette machine, REVS PLUS et les cinq autres associations pourront réaliser de façon continuelle et très régulière le test de la charge virale pour leur  file active. 

Au total, plus de 4000 personnes pourront faire mesurer leur charge virale. Des données qui par ailleurs viendront renforcer les indicateurs sur le plan national. Le Burkina Faso pourra mieux évaluer ses efforts dans l’atteinte d’un des objectifs stratégiques fixés par l’ONU d’ici à 2030 : 95% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée. 

Pour réussir le pari de rendre le test de la charge virale accessible au plus grand nombre de personnes sous traitement, REVS PLUS mise sur la proximité de ses services auprès des bénéficiaires.

 « Nous comptons faire des descentes régulières sur le terrain avec notre clinique mobile pour être au plus près des bénéficiaires afin d’effectuer les prélèvements et les ramener dans notre laboratoire pour étude. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons toucher le plus de bénéficiaires possible », explique Victor Somé.

« Ce n’est pas une compétition mais une complémentarité »

Au Burkina Faso où 14% de la file active relève des associations communautaires, le directeur de REVS PLUS reste convaincu que seule une synergie d’actions entre le système de santé communautaire et le système de santé publique peut permettre d’atteindre l’élimination du VIH/sida.

« Les structures communautaires restent pionnières en matière d’innovation auprès des personnes vivant avec le VIH. Ne pas les inclure dans les politiques de santé publique, c’est se priver d’un énorme atout. L’Etat seul ne peut pas tout faire et les associations communautaires non plus. Il faut se mobiliser ensemble pour pouvoir relever les défis dans le contexte de la santé et principalement dans la lutte contre le VIH », conclut Victor Somé.

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