Coalition PLUS sur Libération.fr : « Il est essentiel de continuer la solidarité mondiale dans la lutte contre le sida »

La lutte contre le VIH/sida attend l’argent des Etats : 26 millions de malades des pays pauvres pourraient bénéficier de traitements plus précoces

Par ERIC FAVEREAU – Libération.fr – 5 juillet 2013

La mobilisation et les traitements, ça marche et cela continue de très bien marcher. «C’est pour cela qu’il est essentiel de continuer la solidarité mondiale dans la lutte contre le sida», insiste Khalil Elouardighi, un activiste de l’association Coalition Plus, qui regroupe de multiples structures à travers le monde. Un sentiment largement partagé, alors que s’est achevé, cette semaine, un important congrès sur le sida à Kuala Lumpur, en Malaisie.

Patients. Les chiffres sont très encourageants, conduisant même l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à élargir sa stratégie d’accès aux traitements. Ainsi, fin 2012, près de 10 millions de personnes bénéficient d’un traitement antirétroviral dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires contre… 300 000 il y a dix ans. «Entre 2011 et 2012, il y a eu 1,6 million de bénéficiaires de plus, a détaillé l’OMS, la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée. Elle concerne principalement l’Afrique.»

L’OMS recommande désormais de traiter les patients plus tôt, et de ne plus attendre que leur système immunitaire soit fortement affaibli. En termes cliniques, cela veut dire «traiter dès que le séropositif a moins de 500 CD4 [les fameuses cellules de l’immunité, ndlr], et non pas moins de 350 CD4». Une recommandation non sans conséquence : on évalue à 26 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH dans un pays pauvre qui remplissent les critères pour recevoir un traitement. «L’application des nouvelles lignes directrices, a détaillé l’OMS, pourrait permettre d’éviter jusqu’à 3 millions de décès liés au sida et 3,5 millions de nouvelles infections par le VIH d’ici à 2025.»

Mais, pour parvenir à ces objectifs, «l’investissement financier mondial devra considérablement augmenter». Et c’est là que l’on retrouve la question du Fonds mondial de lutte contre le sida et de son financement. A l’automne, aura lieu la conférence dite de reconstitution du Fonds, où les pays donateurs vont s’engager pour les années à venir. «Nous sommes inquiets sur le manque de volontarisme de la communauté internationale, a insisté cette semaine l’association Aides. A commencer par la France, qui est en phase de perdre son leadership dans le combat mondial contre le virus.»

Volonté. De fait, à Matignon, on laisse penser que le pays pourrait ne verser qu’un milliard d’euros sur trois ans, soit une légère baisse par rapport aux années précédentes. «La France était motrice dans cette lutte […], on ne comprend pas qu’elle rechigne désormais», souligne Khalil Elouardighi. Lui et d’autres activistes rappellent les propos de François Hollande sur cette question. Ainsi, le 1er mars, le Président a-t-il lâché : «La France s’honore d’être le deuxième contributeur du Fonds mondial contre le sida.»

Fin 2012, il affichait la même volonté : «La France veut la fin du sida, et elle s’en donnera tous les moyens. A l’échelle mondiale, ce sont les plus pauvres qui sont les plus vulnérables. C’est une injustice qui s’ajoute à d’autres […]. C’est donc une des priorités que j’assigne à la politique de la France : contribuer à un accès universel aux traitements.» Hollande se dédirait-il ?

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