« Support Don’t Punish » 2021 / Drogues : Coalition PLUS appelle à défendre l’accès aux services de réduction des risques auprès des usagers de drogues

A l’occasion de la journée « Support. Don’t Punish » ce 26 juin, Coalition PLUS, réseau international d’associations communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales, appelle la communauté internationale à garantir un accès universel aux services de réduction des risques (RdR) pour les personnes usagères de drogues.  Bien qu’efficaces pour améliorer la santé des personnes usagères, sortir de la dépendance, lutter contre la mortalité et les infections telles que le VIH et les hépatites virales, ces services peinent à se déployer, en raison de la véritable chasse aux sorcières contre les usagers.ères  de drogues dans de nombreux pays. 

Une des recommandations primordiales de l’ONUSIDA pour atteindre l’élimination du VIH est l’extension des services de réduction de risques afin de toucher 90 % des personnes usagères de drogues dans le monde.

Particulièrement exposées aux VIH et aux hépatites, ces personnes représentent 10% des nouvelles infections VIH et jusqu’à 39% des nouvelles infections au virus de l’hépatite C. Cependant, seulement 1% des personnes usagères dans le monde ont  accès aux services de réduction des risques.

Echec total des lois répressives

Pire, les lois répressives adoptées depuis plus de 50 ans dans la plupart des pays à l’encontre des personnes usagères de drogues empêchent la réduction des nouvelles infections et la mortalité liée au VIH et à l’hépatite C.

En plus d’être en violation des droits humains, ces lois qui pénalisent et marginalisent les personnes usagères mettent en danger leur santé. La détention des personnes pour consommation et possession de stupéfiants augmente leur vulnérabilité vis-à-vis du VIH et des hépatites au cours de leur internement.

La réduction des risques, ça marche !

Pourtant, les services de réduction des risques notamment les programmes d’échange de seringues, la distribution de naloxone, les traitements de substitution aux opiacés, etc. ont montré leur efficacité sur la santé des personnes ainsi que sur la riposte aux épidémies du VIH et de l’hépatite C. 

Un rapport publié en 2016 par ONUSIDA indique que les pays qui ont mis en place ces programmes ont enregistré une réduction des nouveaux cas d’infection à VIH parmi les personnes usagères de drogues.

Au Portugal par exemple, le programme d’échange de seringues a contribué à faire chuter les nouvelles infections à VIH qui sont passées de 1 497 en 2000 à 78 en 2013 chez les personnes usagères de drogues. 

« Nous ne devons plus persister dans les politiques répressives qui ont montré leur échec alors que des solutions plus efficaces existent », exhorte Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS.

Et d’ajouter : « Nos Etats ne pourront endiguer les épidémies de VIH et des hépatites qu’en privilégiant une approche des politiques drogues plus respectueuse des droits fondamentaux et en intégrant dans les lois nationales les dispositifs et mesures de réduction des risques ».

Renforcer le financement de la réduction des risques

Outre les mesures répressives, l’autre obstacle majeur au développement des services de réduction des risques reste l’insuffisance des financements qui s’amenuisent au fil des années. 

Alors qu’en 2016, 13% seulement des besoins ont été effectivement financés dans les pays à revenu faible et intermédiaire, cette part est passée à 5% en 2019.  Au niveau mondial, seulement 7% des financements internationaux consacrés à la réduction de risques ont été alloués aux organisations communautaires qui pourtant sont en première ligne dans la mise en œuvre de ces programmes.  

Afin d’atteindre les objectifs de l’élimination du VIH et de l’hépatite C, il est urgent de rendre l’offre de services de réduction des risques complète et accessible à toute personne usagère partout dans le monde.

En cela, les médiateurs.ices communautaires (pairs.es éducateurs.ices, intervenants.es sociaux, médecins, etc.) jouent un rôle central malgré le contexte juridique répressif et les moyens financiers limités.  Ces médiateurs.ices communautaires risquent souvent leur vie en se déployant pour assurer la prise en charge et le soutien des personnes usagères de drogues dans des espaces de consommation peu sûrs. Mais, leur travail reste peu reconnu et tributaire de financements incertains malgré son caractère hautement primordial. 

Coalition PLUS et ses associations membres et partenaires, appellent les Etats et les acteurs impliqués dans la santé publique mondiale à :

  • garantir un accès universel aux services de réduction des risques pour les personnes usagères partout dans le monde,
  • renforcer le financement des programmes de réduction des risques afin d’assurer le droit à la santé des personnes usagères de drogues,
  • réformer les politiques drogues en optant pour des législations moins répressives et plus soucieuses de la santé des personnes usagères,
  • associer les personnes usagères de drogues à l’élaboration des politiques qui les concernent,
  • reconnaître, valoriser et rémunérer les médiateurs.ices communautaires qui s’engagent pour l’accès à la santé au sein de leurs communautés.

Contact Presse :

Raphaël DJAMESSI, à Dakar

+ 221 78 432 52 59

rdjamessi[à]coalitionplus.org

A propos de Coalition PLUS

Union internationale d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales fondée en 2008, Coalition PLUS intervient dans 52 pays et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile. A travers le principe de gouvernance partagée qui la régit, notre union implique 16 organisations adhérentes et plus de 100 associations partenaires dans 52 pays du Nord et du Sud, dans la prise de décision. Elle est actuellement présidée par la Pr Hakima Himmich.

Note aux rédactions :

« Support. Don’t Punish » (« Soutenons. Ne punissons pas ») est une campagne annuelle mondiale initiée en 2013 pour soutenir les politiques en matière de drogues qui mettent l’emphase sur la santé publique et la réduction des risques. Nés dans les années 80, les programmes de réduction de risques consistent à réduire les risques liés à l’usage de drogues sur la santé des consommateurs.rices ( réduire les infections, prévenir la mortalité par surdose, réduire les effets indésirables au niveau social, médical ou psychologique, etc.) et à leur apporter un soutien psycho-social.

En savoir plus sur « Support, Don’t Punish »

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