Covid-19 : contre le nationalisme vaccinal

Alors que les recherches d’un vaccin contre le coronavirus s’intensifient dans le monde, treize dirigeants d’ONG dont Coalition PLUS alertent pour que le vaccin soit accessible à tou-te-s à travers le monde. La tribune publiée dans le JDD le 27 juin 2020.

« Ce vaccin, le jour où il sera mis au point, sera un bien public mondial, c’est-à-dire qu’’il n ’appartiendra à personne mais il nous appartiendra à tous. »

Depuis deux mois, les sommets internationaux s’enchaînent et la France affiche sa volonté de rendre le futur vaccin contre le Sars-CoV-2 accessible partout dans le monde. L ’ humanité en a besoin au plus vite pour sauver des vies et atténuer la catastrophe.

Hier, des chefs d ’Etat se sont réunis autour de célébrités afin d’affirmer leur mobilisation pour lutter contre cette pandémie. Depuis le début de celle-ci, la coopération est affichée dans les discours officiels. En coulisses, une âpre compétition pour le développement et la mise à disposition des vaccins s’est ouverte entre les nations et les groupes pharmaceutiques.

Or, les craintes qu ’un « nationalisme vaccinal » couplé à une course aux profits vienne entraver l ’accès des personnes les plus exposées et démunies, notamment celles vivant dans les pays en développement, sont bien réelles. Nos associations ont l’expérience d’années de lutte pour l’accès aux traitements face à une industrie pharmaceutique peu scrupuleuse. Les mêmes erreurs ne peuvent se reproduire !

Assurer l’accès universel à la vaccination!

Pour faire des futurs vaccins un bien public mondial, il faut garantir des prix abordables pour tous les pays et toutes les populations. Chaque investissement en recherche et développement doit être transparent et faire l’objet de conditionnalités contraignantes pour que les futurs vaccins soient fournis à prix coûtant.

Il conviendra ensuite de s’assurer que les brevets, savoir-faire et données liés aux vaccins sont mis en commun, à la disposition de tous. Par ailleurs, toute initiative européenne doit s’engager à distribuer les futurs vaccins massivement en sécurisant un nombre suffisant de doses pour les professionnels de santé et personnes vulnérables dans le monde entier, sans limiter les doses aux Européens uniquement, comme a pu l’annoncer Ursula von der Leyen.

Ces négociations doivent être transparentes et faciliter des accords de transfert de technologie équitables, y compris avec les producteurs des pays du Sud, pour accélérer leur disponibilité mondiale.

Enfin, nos dirigeants doivent se mobiliser pour renforcer les systèmes de santé afin d’assurer l ’accès universel à la vaccination, dans tous les pays, jusqu’aux populations les plus reculées.

Nous attendons de la France et de l ’Union européenne des choix politiques fondés sur l’impératif de solidarité entre les nations et une gouvernance participative pour faire de ces futurs vaccins des biens publics de l’humanité.

Signataires de la tribune :

Pr. Hakima Himmich, présidente de Coalition Plus

Thierry Allafort, directeur général de Médecins sans frontières

Aurélien Beaucamp, président de l’association AIDES

Patrick Bertrand, directeur exécutif d’Action santé mondiale

Serge Breysse, directeur général de Solthis

Philippe de Botton, président de Médecins du monde

Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France

Roxane Hellandsjö Prost, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF)

Pauline Londeix et Jérôme Martin, cofondateurs de l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament

Xavier Masset, coordinateur de Universités alliées pour les médicaments essentiels, France (UAEM France)

Florence Thune, directrice générale de Sidaction

Pascal Revault, directeur expertise et plaidoyer d’Action contre la faim

Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de ONE

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