Le dépistage communautaire, une stratégie gagnante pour la prévention du VIH, des hépatites et des IST

Le dépistage est la première étape pour mettre fin au VIH et aux hépatites virales. Parce qu’il permet de prendre en main sa santé, c’est un outil de prévention incontournable pour briser la chaîne des transmissions. A l’occasion de la 1ère Semaine Internationale du dépistage, les militants-tes de Coalition PLUS prennent la parole. En vidéo, ils et elles expliquent leur expérience et leur pratique du dépistage dit « communautaire ». 

Dépistage communautaire : témoignages de pairs éducateurs

Le dépistage communautaire, par et pour les communautés les plus exposées au VIH et aux hépatites virales

Hommes gays et bisexuels, travailleuses-eurs du sexe (TS), personnes usagères de drogues, femmes transgenres : ces populations dites « clés » sont particulièrement vulnérables face au VIH, aux hépatites virales et aux autres IST. Stigmatisées et discriminées, ces personnes ont en effet de grandes difficultés d’accès à la santé.

Afin de favoriser leur entrée et leur maintien dans le parcours de soin, les associations membres et partenaires de Coalition PLUS mettent en œuvre des actions de dépistage communautaire du VIH et du virus de l’hépatite C (VHC). Concrètement, ce sont des pairs-éducateurs et paires-éducatrices qui réalisent ce dépistage.

« Toutes les personnes qui m’entourent ont été dépistées par mes soins, déclare fièrement Gaëtan Megaptche, coordonnateur de prévention au sein d’Alternatives Cameroun, association partenaire de Coalition PLUS. Tout mon entourage se porte très bien aujourd’hui. Mais si je n’avais pas été là, peut-être qu’ils n’auraient pas eu le courage de se faire dépister, de commencer le traitement et de rester dans les soins. »

Une relation de confiance et d’égal à égal entre la personne dépistée et celle qui dépiste

Confrontés-es aux mêmes enjeux de santé que les personnes dépistées, les pairs-éducateurs et paires-éducatrices sont formés-es aux techniques biomédicales requises. Sans jugement, en toute confidentialité, ils et elles mènent leurs actions dans des centres communautaires dédiées, mais aussi sur les lieux de vie ou de travail des personnes les plus exposées au VIH et au VHC.

« L’accès à nos centres communautaires est très important pour nos populations, affirme Dayana Quimi, actrice de terrain au sein de l’association Kimirina, membre de Coalition PLUS en Equateur. Elles ont le sentiment qu’on les traite d’égal à égal, sans discrimination ou stigmatisation en raison de leur orientation ou de leurs pratiques sexuelles. »

Des actions de sensibilisation et d’information pour libérer la parole

Car au-delà du dépistage, les pairs-éducateurs et paires-éducatrices organisent des animations visant à informer et sensibiliser les personnes les plus à risque. Cela permet de libérer la parole et de lever les préjugés qui persistent sur le VIH, l’hépatite C et les autres IST.

« Les filles [NdlR : travailleuses du sexe] ne se protègent pas très bien et beaucoup sont infectées, constate Pauline Nikiema, paire-éducatrice au sein de REVS PLUS, membre de Coalition PLUS au Burkina Faso. Cependant, à travers des animations et groupes de parole, j’arrive à les sensibiliser. Aujourd’hui, elles n’ont plus peur de se faire dépister. »

Un accompagnement spécifique après le dépistage

Ainsi, cette démarche communautaire permet de construire une relation de confiance avec les personnes qui viennent se faire dépister. Parfois, cette relation perdure bien après le dépistage. Pauline Nikiema raconte : « Un jour, j’ai dépisté une travailleuse du sexe. Le résultat était positif. Elle pleurait et n’a pas mangé pendant des jours. Pour la consoler et l’aider à reprendre sa vie d’avant, je suis allée régulièrement la voir chez elle. Ca a été difficile, mais aujourd’hui, elle est bien portante. Parfois, elle m’appelle et nous mangeons ensemble. Je l’invite chez moi, elle vient, on cause, on mange, et elle repart. »

En effet, quel que soit le résultat du test, les pairs-éducateurs et paires-éducatrices peuvent offrir un soutien psychosocial. Par ailleurs, ils et elles sont en mesure de faire le lien avec les structures de soin, afin d’assurer la prise en charge des personnes séropositives. « En cas de résultat positif, nous offrons un accompagnement spécifique, explique Babina Sanabam, Superviseur de district au sein de CoNE-Manipur, partenaire de Coalition PLUS en Inde. D’une part, pour que la personne dépistée ne cède pas à la panique et ne soit pas démoralisée. Et d’autre part, pour qu’elle puisse être orientée correctement vers le diagnostic et le traitement. »

Le dépistage communautaire, une démarche militante par et pour les communautés vulnérables

Pour les pairs-éducateurs, le dépistage ne se limite pas à un acte biomédical. Par leurs actions de terrain, nos militants-tes permettent aux personnes marginalisées de prendre leur santé en main. Ainsi, en brisant la chaîne des transmissions, les populations les plus vulnérables au VIH et aux hépatites virales apportent une précieuse contribution à la lutte contre ces épidémies.

Mais l’impact du travail communautaire dépasse les enjeux de santé publique. En effet, les pairs-éducateurs et paires-éducatrices agissent plus largement pour les droits fondamentaux de leurs communautés, et en premier lieu leur droit effectif à la santé. De plus, leurs interventions donnent aux personnes marginalisées les outils nécessaires pour combattre la stigmatisation et aux discriminations.

« Les personnes usagères de drogues pensent qu’elles n’ont pas droit à la santé, déplore Magda Ferreira, activiste au sein de GAT, membre de Coalition PLUS au Portugal. « Mais le droit à la santé est un droit pour nous tous-tes ! »

Alors que la crise de la COVID-19 renforce les inégalités sociales de santé, il est plus que temps de mobiliser l’expertise communautaire des pairs-éducateurs et paires-éducatrices !

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