Etats fragiles : la contribution des organisations communautaires à la lutte contre le VIH

Afin de valoriser le rôle incontournable des organisations communautaires et leur contribution à la lutte contre le VIH dans les États fragiles, la Plateforme Afrique centrale et de l’Est (PACE) de Coalition PLUS, coordonnée par l’ANSS, son membre au Burundi, publie un document de capitalisation. L’éditorial de Jeanne Gapiya, Présidente de l’ANSS.

Etats fragiles : la question sanitaire en retrait

Si la lutte contre le VIH reste un défi sanitaire important dans le monde, qu’en est-il encore dans les états fragiles où la question sanitaire ne figure pas toujours à la première place des priorités nationales ?

La majorité des pays que couvre la PACE ont en commun le fait d’être des pays affectés par des conflits socio-politiques cycliques, qui fragilisent énormément les conditions de vie des populations. A cela s’ajoute la criminalisation institutionnelle de certains Etats et la discrimination sociale des populations clés, qui rendent difficile leur accès aux soins alors que nous savons tous qu’elles sont particulièrement vulnérables. Aussi, dans la plupart des situations de conflits, les femmes sont les plus exposées aux violences basées sur le genre.

Les organisations communautaires, moteurs de transformation sociale dans les Etats fragiles

A travers ce référentiel et l’expérience des associations membres de la PACE, vous découvrirez combien la société civile de lutte contre le VIH est un acteur majeur de transformation sociale, indispensable aux efforts nationaux pour assurer une prise en charge globale du VIH, allant de la prévention, à la prise en charge médicale, psychologique et sociale, tout en assurant le suivi et l’accompagnement nécessaires, toujours centrés sur la personne.

Ce référentiel capitalise et valorise le savoir-faire communautaire et la dynamique régionale d’appui technique et de renforcement de capacités Sud-Sud que porte la PACE. Il nous révèle cette capacité des acteurs communautaires à assurer un continuum de services dans des contextes d’Etats fragiles, avec des stratégies innovantes adaptées.

Des réalités différentes, une même vision : offrir des services centrés sur la personne

Les neuf associations de la PACE qui ont participé à l’élaboration de ce référentiel de capitalisation vivent des réalités différentes et chacune s’adapte aux défis nationaux. Cependant elles se retrouvent toutes animées par une même vision : celle d’offrir des services centrés sur les besoins réels des bénéficiaires, avec une attention particulière sur les personnes les plus marginalisées et les populations clés qui ont difficilement accès aux soins.

Ces associations font preuve de compétences et d’une capacité d’adaptation extraordinaires.

Cameroun : faire face à la criminalisation de l’homosexualité et aux violations des droits humains dans un contexte de crise sécessioniste

A l’image d’Alternatives Cameroun qui dans un contexte homophobe, accompagne les personnes criminalisées par la loi camerounaise, victimes d’arrestations, et développe son programme de santé différencié.

A l’image d’Affirmative Action qui tente depuis 2016 de poursuivre la prévention auprès des populations clés dans un contexte de crise sécessionniste dans les régions anglophones du Cameroun, marqué par des affrontements entre les séparatistes et les forces de sécurité, et engendrant ainsi de nombreuses violations des droits humains.

Burundi : la lutte contre le sida, une guerre silencieuse

A l’image de l’ANSS, née en 1993 alors que le Burundi était en guerre et que la priorité du gouvernement était de faire cesser les armes qui tuent et font du bruit en oubliant une autre guerre qui tue plus mais en silence : le sida. Par la suite, l’ANSS deviendra pionnière et référence communautaire de la lutte contre le VIH, en assurant notamment des services de prise en charge globale, telle que la mise sous traitement ARV des PVVIH, avant même que le gouvernement burundais ne bénéficie de financements internationaux pour le faire.

République démocratique du Congo : prendre en charge les femmes victimes de violences basées sur le genre

A l’image de la Fondation Femmes Plus qui se bat pour prendre en charge les femmes et les jeunes filles qui subissent des violences basées sur le genre et les violences sexuelles liées aux conflits armés, en République Démocratique du Congo, alors que le pays est confronté depuis plusieurs décennies à des conflits régionaux récurrents.

Pour ne citer que ces quelques exemples…

Un combat : mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de tous-tes

Par leurs efforts et leur capacité de résilience, ces associations parviennent à influencer les politiques publiques en faveur des populations clés et vulnérables dans le cadre de la lutte contre le VIH, sauvant ainsi des vies humaines. Toutefois, ce plaidoyer doit se poursuivre pour viser l’introduction de nouvelles approches différenciées et démédicalisées, adaptées aux besoins des populations vulnérables.

Fortes de cette expérience et de cet engagement, les associations communautaires membres de la PACE ont dû à nouveau adapter leur offre de services à la nouvelle pandémie de Covid-19, qui menace de ruiner les efforts communautaires et précariser encore davantage des populations déjà fragiles.

Car mettre fin à la pandémie de Covid-19 dès 2020 et comme à celle de VIH à l’horizon 2030 ne constituent pas deux combats, mais un seul et même combat : le combat pour mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de toutes et de tous.

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Ce référentiel a été élaboré dans le cadre d’un programme financé par l’Agence française de développement (AFD). Les idées et opinions présentées dans ce document ne reflètent pas nécessairement celles de l’AFD.

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