Focus sur l’association congolaise, ACS/AMO Congo

Une association pour les orphelins

L’association est née d’une observation : les enfants des femmes qui mourraient du VIH/sida pouvaient rester plusieurs semaines à errer dans les hôpitaux : que pouvait-on alors faire pour eux ?
Une petite organisation s’est alors formée pour chercher les frères et sœurs de ces orphelins, pour leur trouver une famille d’accueil. Le docteur Henri Mukumbi, aujourd’hui directeur de l’association, a alors utilisé ses contacts à la Croix Rouge. L’idée principale était de demander leur souhait aux mères malades, avant leur disparition, quant à l’avenir de leurs enfants.
En 1993, Henri Mukumbi se voit proposer par John Helling, son supérieur au Comité International de la Croix Rouge, qui deviendra le premier directeur d’ACS / AMO Congo, de créer avec lui une association. Les premiers investissements leur permettent d’acquérir un bureau à Kinshasa et une voiturette.
Pendant les cinq premières années de son existence, l’association développe essentiellement des activités de prise en charge d’enfants orphelins du sida. Depuis 1997, la vision de travail d’ACS/AMO Congo s’est élargie à la prévention contre l’infection à VIH/SIDA, et à la mobilisation. L’organisation a vite joué un rôle déterminant dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans la communauté de la RDC.
Aujourd’hui, ACS / AMO Congo œuvre dans 8 provinces en République Démocratique du Congo, emploie 267 salariés et est une des plus grande association communautaire de lutte contre le VIH/sida en RDC. Elle possède un programme de prise en charge globale : prévention, dépistage, traitement (au sein des Centres de Traitement Ambulatoires, les CTA), prise en charge psycho-sociale.

Les CTA, plus qu’une prise en charge médicale, un véritable réseau social

Dès la naissance de l’association, les CTA voient le jour dans le but de créer un environnement favorable aux patients, afin que ceux-ci se sentent bien à chaque étape de leur traitement. Destinés aux malades qui étaient traditionnellement envoyés dans les hôpitaux, sans pour autant avoir besoin d’une hospitalisation, les CTA permettent aux bénéficiaires de retrouver une dignité.
Le dépistage volontaire constitue le point d’entrée au CTA. Il permet aux bénéficiaires d’accéder à des examens et analyses plus poussés en cas de résultat positif et surtout à une consultation médicale. Un patient se rend au CTA une fois par mois pour le suivi médical et pour recevoir ses médicaments : là-bas il est connu du personnel médial. Il ne paye un ticket modérateur que s’il le souhaite et qu’il le peut.
Mais en dehors du volet médical, ces centres offrent aux malades l’opportunité de se sentir en vie en proposant un grand nombre d’activité. Tout d’abord, les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH) se retrouvent tous les mois pour un groupe de parole et de soutien. Les nouveaux cas sont présentés aux anciens qui partagent leur expérience. C’est un moment privilégiés, surtout pour ceux qui n’ont pas partagé leur statut sérologique avec leur entourage : ici la parole est libre.


Groupe de support des districts de Makala et Ngaba

Chaque année est organisée à Noël une journée festive et conviviale lors de laquelle les bénéficiaires s’échangent des cadeaux. Deux fois par ans ont lieu des journées de fête, avec un grand repas et de la musique, où chacun participe en apportant à manger et en cotisant à hauteur de ses possibilités. Deux excursions au cours desquelles le groupe passe la journée en pleine nature au bord du fleuve ont également lieu chaque année.
C’est un véritable sentiment de solidarité qui nait au sein du groupe : ils s’appellent régulièrement, se soutiennent, se rendent visite.

Le programme d’Activités Génératrices de Revenus : l’opportunité d’acquérir une indépendance financière

La réponse psycho-social à l’épidémie du VIH/sida passe aussi, pour ACS / AMO Congo par le programme d’Activités Génératrices de Revenus (AGR), qui a été développé dès les débuts de l’association et qui a jusqu’ici permis à près de 2000 bénéficiaires de devenir indépendant financièrement.
Toute personne souhaitant participer au programme AGR suit en premier lieu une formation en technique de gestion dispensée au sein de l’association. Ensuite, la personne établit un projet détaillé. Ceux qui bénéficient du programme sont souvent des personnes veuves, des ainés de fratrie qui ont leurs frères et sœurs à charge, ou des familles d’accueil d’orphelins.
L’association se charge de l’achat du matériel nécessaire à démarrer leur affaire et le leur remet. Le développement des activités est ensuite suivi par une équipe de volontaires qui sont chargés de rédiger un rapport tous les mois.


L’école de couture offre une formation à de jeunes filles qui ont perdu leurs parents, à l’issue de laquelle elles reçoivent une machine à coudre grâce à laquelle elles pourront toucher un revenu qui leur permettra de prendre en charge leurs frères et sœurs.


Le centre culturel est composé d’un centre de formation à destination des orphelins, d’un cyber café géré par les enfants formés, d’un centre de bureautique, d’une bibliothèque. La structure dispense également des cours d’anglais. Pour sa deuxième année de fonctionnement, le centre est autonome financièrement.


Le cybercafé


Ce salon de coiffure a été ouvert par un jeune homme à Kinshasa il y a quelques années. La clientèle est fidèle et le salon fonctionne bien.

Quels défis pour ACS / AMO Congo ?

Les activités de l’association se diversifient toujours et l’association s’intéresse aujourd’hui à la recherche : opérationnelle en partenariat avec les universités, ou communautaire, au sein du programme de la Coalition PLUS.
Fin 2009, grâce à l’association, 11 000 malades étaient sous traitements antirétroviraux (ARV), soit un tiers de la réponse nationale globale, qui elle ne couvre que 10% des malades. Il y a donc encore beaucoup de travail pour atteindre une couverture totale…
La prévention nationale, quant à elle, ne touche que 30% de la population. Elle est essentiellement axée sur les jeunes : en effet, la prévention au VIH/sida est à présent incluse dans le programme scolaire.

Un programme de prévention original et innovant : la Communication incitative au Changement de Comportement (CCC)

La campagne de prévention CCC de l’association ACS / AMO Congo est innovante : elle a lieu dans les lieux d’ambiance comme les bars, les boîtes de nuit, les hôtels ou les buvettes de Kinshasa mais aussi de 7 autres provinces de la République Démocratique du Congo.
Le but étant d’aider les personnes fréquentant ces endroits ou vivant aux alentours à mieux se prémunir contre les pratiques sexuelles qui les exposent à la contamination au VIH/Sida, mais aussi d’informer sur l’épidémie, les modes de contamination, les moyens de prévention, le dépistage volontaire, le traitement ARV, et de réduire la stigmatisation et les fausses croyances.
Le projet comporte deux approches : la sensibilisation de masse, et la proximité communautaire.


Une partie de l’équipe des volontaires

La sensibilisation de masse vise à transmettre des messages spécifiques sur le VIH/sida à une foule hétérogène. Les activités de sensibilisation de masse sont menées par des équipes de volontaires bien visibles, portant t-shirts et chapeaux verts, et qui offrent un véritable spectacle constitués de sketches, de performances musicales et de jeu-concours. Banderoles, dépliants et matériel de sonorisation : la clientèle ne peut pas les rater et est même invitée à participer à l’animation et à gagner des lots : casquettes, t-shirts, préservatifs…
L’approche de proximité communautaire, plus discrète, consiste à créer des petits groupes de discussion autour des tables de ces mêmes lieux d’ambiance. Echange et partage sont au programme de ses interventions plus intimistes.


Les volontaires à l’action dans le quartier animé de Gombe

L’objectif de Guy Bongongo, chargé de communication pour ACS / AMO Congo, et responsable de la mise en place de ce programme de prévention, est de toucher par son programme de prévention près de 62 000 personnes à travers le pays par les actions de masse, et près de 70 000 lors de discussions de proximité. Mais surtout, il compte inciter environ 13 000 personnes au dépistage, trop peu pratiqué en RDC.Une association pour les orphelins

L’association est née d’une observation : les enfants des femmes qui mourraient du VIH/sida pouvaient rester plusieurs semaines à errer dans les hôpitaux : que pouvait-on alors faire pour eux ?
Une petite organisation s’est alors formée pour chercher les frères et sœurs de ces orphelins, pour leur trouver une famille d’accueil. Le docteur Henri Mukumbi, aujourd’hui directeur de l’association, a alors utilisé ses contacts à la Croix Rouge. L’idée principale était de demander leur souhait aux mères malades, avant leur disparition, quant à l’avenir de leurs enfants.
En 1993, Henri Mukumbi se voit proposer par John Helling, son supérieur au Comité International de la Croix Rouge, qui deviendra le premier directeur d’ACS / AMO Congo, de créer avec lui une association. Les premiers investissements leur permettent d’acquérir un bureau à Kinshasa et une voiturette.
Pendant les cinq premières années de son existence, l’association développe essentiellement des activités de prise en charge d’enfants orphelins du sida. Depuis 1997, la vision de travail d’ACS/AMO Congo s’est élargie à la prévention contre l’infection à VIH/SIDA, et à la mobilisation. L’organisation a vite joué un rôle déterminant dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans la communauté de la RDC.
Aujourd’hui, ACS / AMO Congo œuvre dans 8 provinces en République Démocratique du Congo, emploie 267 salariés et est une des plus grande association communautaire de lutte contre le VIH/sida en RDC. Elle possède un programme de prise en charge globale : prévention, dépistage, traitement (au sein des Centres de Traitement Ambulatoires, les CTA), prise en charge psycho-sociale.

Les CTA, plus qu’une prise en charge médicale, un véritable réseau social

Dès la naissance de l’association, les CTA voient le jour dans le but de créer un environnement favorable aux patients, afin que ceux-ci se sentent bien à chaque étape de leur traitement. Destinés aux malades qui étaient traditionnellement envoyés dans les hôpitaux, sans pour autant avoir besoin d’une hospitalisation, les CTA permettent aux bénéficiaires de retrouver une dignité.
Le dépistage volontaire constitue le point d’entrée au CTA. Il permet aux bénéficiaires d’accéder à des examens et analyses plus poussés en cas de résultat positif et surtout à une consultation médicale. Un patient se rend au CTA une fois par mois pour le suivi médical et pour recevoir ses médicaments : là-bas il est connu du personnel médial. Il ne paye un ticket modérateur que s’il le souhaite et qu’il le peut.
Mais en dehors du volet médical, ces centres offrent aux malades l’opportunité de se sentir en vie en proposant un grand nombre d’activité. Tout d’abord, les personnes vivant avec le VIH/sida (PVVIH) se retrouvent tous les mois pour un groupe de parole et de soutien. Les nouveaux cas sont présentés aux anciens qui partagent leur expérience. C’est un moment privilégiés, surtout pour ceux qui n’ont pas partagé leur statut sérologique avec leur entourage : ici la parole est libre.


Groupe de support des districts de Makala et Ngaba

Chaque année est organisée à Noël une journée festive et conviviale lors de laquelle les bénéficiaires s’échangent des cadeaux. Deux fois par ans ont lieu des journées de fête, avec un grand repas et de la musique, où chacun participe en apportant à manger et en cotisant à hauteur de ses possibilités. Deux excursions au cours desquelles le groupe passe la journée en pleine nature au bord du fleuve ont également lieu chaque année.
C’est un véritable sentiment de solidarité qui nait au sein du groupe : ils s’appellent régulièrement, se soutiennent, se rendent visite.

Le programme d’Activités Génératrices de Revenus : l’opportunité d’acquérir une indépendance financière

La réponse psycho-social à l’épidémie du VIH/sida passe aussi, pour ACS / AMO Congo par le programme d’Activités Génératrices de Revenus (AGR), qui a été développé dès les débuts de l’association et qui a jusqu’ici permis à près de 2000 bénéficiaires de devenir indépendant financièrement.
Toute personne souhaitant participer au programme AGR suit en premier lieu une formation en technique de gestion dispensée au sein de l’association. Ensuite, la personne établit un projet détaillé. Ceux qui bénéficient du programme sont souvent des personnes veuves, des ainés de fratrie qui ont leurs frères et sœurs à charge, ou des familles d’accueil d’orphelins.
L’association se charge de l’achat du matériel nécessaire à démarrer leur affaire et le leur remet. Le développement des activités est ensuite suivi par une équipe de volontaires qui sont chargés de rédiger un rapport tous les mois.


L’école de couture offre une formation à de jeunes filles qui ont perdu leurs parents, à l’issue de laquelle elles reçoivent une machine à coudre grâce à laquelle elles pourront toucher un revenu qui leur permettra de prendre en charge leurs frères et sœurs.


Le centre culturel est composé d’un centre de formation à destination des orphelins, d’un cyber café géré par les enfants formés, d’un centre de bureautique, d’une bibliothèque. La structure dispense également des cours d’anglais. Pour sa deuxième année de fonctionnement, le centre est autonome financièrement.


Le cybercafé


Ce salon de coiffure a été ouvert par un jeune homme à Kinshasa il y a quelques années. La clientèle est fidèle et le salon fonctionne bien.

Quels défis pour ACS / AMO Congo ?

Les activités de l’association se diversifient toujours et l’association s’intéresse aujourd’hui à la recherche : opérationnelle en partenariat avec les universités, ou communautaire, au sein du programme de la Coalition PLUS.
Fin 2009, grâce à l’association, 11 000 malades étaient sous traitements antirétroviraux (ARV), soit un tiers de la réponse nationale globale, qui elle ne couvre que 10% des malades. Il y a donc encore beaucoup de travail pour atteindre une couverture totale…
La prévention nationale, quant à elle, ne touche que 30% de la population. Elle est essentiellement axée sur les jeunes : en effet, la prévention au VIH/sida est à présent incluse dans le programme scolaire.

Un programme de prévention original et innovant : la Communication incitative au Changement de Comportement (CCC)

La campagne de prévention CCC de l’association ACS / AMO Congo est innovante : elle a lieu dans les lieux d’ambiance comme les bars, les boîtes de nuit, les hôtels ou les buvettes de Kinshasa mais aussi de 7 autres provinces de la République Démocratique du Congo.
Le but étant d’aider les personnes fréquentant ces endroits ou vivant aux alentours à mieux se prémunir contre les pratiques sexuelles qui les exposent à la contamination au VIH/Sida, mais aussi d’informer sur l’épidémie, les modes de contamination, les moyens de prévention, le dépistage volontaire, le traitement ARV, et de réduire la stigmatisation et les fausses croyances.
Le projet comporte deux approches : la sensibilisation de masse, et la proximité communautaire.


Une partie de l’équipe des volontaires

La sensibilisation de masse vise à transmettre des messages spécifiques sur le VIH/sida à une foule hétérogène. Les activités de sensibilisation de masse sont menées par des équipes de volontaires bien visibles, portant t-shirts et chapeaux verts, et qui offrent un véritable spectacle constitués de sketches, de performances musicales et de jeu-concours. Banderoles, dépliants et matériel de sonorisation : la clientèle ne peut pas les rater et est même invitée à participer à l’animation et à gagner des lots : casquettes, t-shirts, préservatifs…
L’approche de proximité communautaire, plus discrète, consiste à créer des petits groupes de discussion autour des tables de ces mêmes lieux d’ambiance. Echange et partage sont au programme de ses interventions plus intimistes.


Les volontaires à l’action dans le quartier animé de Gombe

L’objectif de Guy Bongongo, chargé de communication pour ACS / AMO Congo, et responsable de la mise en place de ce programme de prévention, est de toucher par son programme de prévention près de 62 000 personnes à travers le pays par les actions de masse, et près de 70 000 lors de discussions de proximité. Mais surtout, il compte inciter environ 13 000 personnes au dépistage, trop peu pratiqué en RDC.

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