Françoise Barré-Sinoussi, Jeanne Gapiya, Vincent Pelletier et Bruno Spire réunis le temps d’un fabuleux gala au Burundi

Vendredi dernier, le 3 août, l’Association Nationale burundaise de soutien aux Séropositifs et Malades du Sida (ANSS) organisait la 10ème édition de son gala. A cette occasion, près de 350 convives, réunis dans un hôtel du bord du lac Tanganyika (Burundi), se sont rassemblés autour de Jeanne Gapiya, présidente adulée et charismatique de l’association. Sous le Patronage de Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de Médecine 2008, et en présence de Bruno Spire, président de AIDES, ainsi que de Vincent Pelletier, directeur de Coalition PLUS, qui étaient les invités de cette année.

La soirée a débuté dans une ambiance semi électrique. En effet, des délestages de la compagnie d’électricité avaient été programmés, justement sur ce pâté de maison… Il est vrai que Jeanne Gapiya ne mâche pas ses mots envers le gouvernement en place, qui patine dans la mise en œuvre d’une politique de santé adaptée à l’urgence de la situation… De nombreuses ruptures de stocks de traitements antirétroviraux sont constatées régulièrement, les demandes de la société civile ne sont pas entendues, l’absence d’une implication visible des services concernés est patente: tout cela est dénoncé par la structure burundaise, qui lutte contre le VIH/sida depuis près de 20 ans et qui vient de rejoindre Coalition PLUS en 2012 en tant que membre de plein droit.

Le maître-mot de la soirée était « partage » et nos amis de l’ANSS ont voulu partager leur joie de savoir que nous pouvons arrêter l’épidémie de sida, avec des personnalités qui, dans le passé, à des moments terriblement sombres pour le pays, mais aussi pour les Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH), se sont levées et ont décidé d’agir, afin de modifier le cours de l’Histoire. Ainsi, l’ancien président Buyoya et l’ancienne première dame, Madame Sophie Buyoya, ont reçu des mains de Françoise Barré-Sinoussi un magnifique certificat, témoignant de leur action, le premier pour avoir supprimé les taxes de 40% sur les traitements ARV et avoir créé un Fonds de Solidarité Thérapeutique; la deuxième pour avoir insisté pour que les traitements ARV en question soient distribués gratuitement.

Puis, devant toutes ces personnalités et les membres de la société civile, chefs d’entreprises et diplomates, Françoise Barré-Sinoussi a prononcé un vibrant plaidoyer pour la fin de la transmission de la mère à l’enfant et pour une amélioration significative de l’accès aux antirétroviraux (environ 30% au Burundi alors qu’il est proche de 90% au Cambodge). Elle a ensuite clamé haut et fort la nécessité d’abroger la loi de 2009 punissant l’homosexualité au Burundi et affirmé (en dehors du fait qu’elle serait ravie de revenir à ce moment-là) qu’il s’agissait du seul moyen d’arrêter le sida …

LUTTER CONTRE TOUTES LES DISCRIMINATIONS. Un immense BRAVO pour la détermination et le courage de Françoise. Nous avons besoin de plus de chercheurs comme elle, scientifiques engagés, activistes…. Nous avons besoin du parler-vrai, ASSEZ DE DIPLOMATIE MEURTRIÈRE, ASSEZ DE SILENCES COMPLAISANTS, ASSEZ D’AMITIÉS INTÉRESSÉES…. LUTTER CONTRE LE VIH/SIDA N’EST PAS POLITIQUEMENT CORRECT.

Une soirée fort sympathique, réglée minutieusement par Jeanne Gapiya et Candide Kayondé, coordinatrice de l’ANSS, où se mêlaient le poignant des témoignages forts de volontaires de l’ANSS (aussi membre de AIDES pour certains) et les éclats de rire suscités par un duo d’humoristes rwandais performant, juste et caustique. Une soirée non seulement agréable, mais également utile, qui a permis de récolter des fonds pour faire perdurer les actions indispensables que mène l’ANSS. Une soirée, enfin, en forme de démonstration de force de la démarche communautaire prônée par Coalition PLUS.

Photo (de gauche à droite): Fançoise Barré-Sinoussi (prix Nobel de Médecine 2008), Bruno Spire (président de AIDES), Jeanne Gapiya (présidente de l’ANSS), Vincent Pelletier (directeur de Coalition PLUS)

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