LGBTI-phobie : en Afrique, les violences nourrissent les épidémies

Communiqué de presse- 17 mai 2021

A l’occasion du 17 mai, Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, AGCS PLUS, l’Alliance Globale des Communautés pour la Santé et les Droits, réseau thématique de Coalition PLUS, réseau international d’associations de lutte contre le sida et les hépatites virales  rappelle que les violences et violations des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres demeurent un obstacle majeur à la lutte contre le VIH et les hépatites virales dans le monde et en Afrique. Dans le contexte de la Covid-19 où ces violations se sont intensifiées, nous louons l’engagement des pairs-es éducateurs-ices issu.es des communautés LGBTI qui se mobilisent au quotidien pour prévenir ou prendre en charge ces violations lorsqu’elles surviennent.  

Au Bénin, dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2021, trois femmes transgenres ont été battues et contraintes à se déshabiller par une foule d’hommes dans un bar à Cotonou. Leur humiliante agression a été filmée par leurs bourreaux et partagée sur les réseaux sociaux.  Au Cameroun, après plusieurs mois de procès Shakiro et Patricia, deux femmes transgenres, ont écopés de cinq ans de prison et d’une amende 200 000 FCFA pour « tentative d’homosexualité ». Dans ce pays d’Afrique centrale, le rapport de la plateforme UNITY[1] note que plus de 2000 cas de violences ont été enregistrés sur 930 personnes en 2020 contre 1400 cas de violences en 2019. Ce même rapport souligne aussi que les hommes gays sont les premières victimes de ces violences (552), suivis par les lesbiennes (214) et les transgenres (64).

Violences, alliées des épidémies

La situation est la même au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou encore Guinée Conakry où les témoignages [ci-dessous] recueillis par les associations membres de notre réseau font cas des humiliations, agressions verbales et physiques, arrestations, du rejet social et de la stigmatisation que subissent les personnes LGBTI au quotidien. Or, ces violences mettent en danger la santé des personnes LGBTI en les empêchant d’accéder aux services de prévention et de soins, au-delà de violer leurs droits à la vie et à la dignité.  Chez les hommes gays et les femmes transgenres par exemple, le risque d’infection par le VIH est respectivement 26 fois et 13 fois plus élevé par rapport à la population générale selon ONUSIDA.

« Il est clair dans ce contexte que favoriser un environnement qui encourage les violences contre les personnes LGBTI comme c’est encore le cas dans plusieurs pays africains, c’est condamner ces personnes à ne pas vivre », indique Axel Akpaka, porte-parole politique de AGCS PLUS.

Les pairs.es au front pour l’accès aux services de santé

Malgré le contexte social hostile et les législations parfois très répressives dans leur pays, les pairs.es éducateurs.ices issus.es des communautés LGBTI  au sein du réseau AGCS PLUS sont en première ligne  de la lutte contre le VIH et les hépatites virales tout en apportant leur soutien aux survivants des violences.

Engagés.es pour une prise en charge sanitaire de qualité dans leurs communautés, ces pairs.es éducateurs.ices arrivent à créer des liens de confiance qui leur permettent de déployer les services de dépistage, faciliter l’accès aux outils de prévention ainsi que l’entrée et le maintien dans le soin des personnes vivant avec le VIH au sein de leur communauté. Toutes les victoires obtenues aujourd’hui en matière de lutte contre le VIH sont gagnées parce que les pairs.es éducateurs.rices, notamment ceux et celles issus.es de la communauté LGBTI bravent les interdits juridiques et parviennent à mobiliser leurs pairs et les maintenir dans le soin.

Il est temps que les Etats respectent leurs obligations à protéger leurs citoyens et citoyennes y compris les personnes LGBTI en garantissant leurs accès équitables aux services de santé et de sécurité.

En tant qu’associations membres de AGCS PLUS et acteurs de la Riposte, nous demandons une reconnaissance universelle du statut du Pair.e Éducateur.rice et une inscription de ce métier dans les organigrammes sanitaires de riposte au VIH.

Nous demandons aux Etats d’accompagner les actions communautaires dans le cadre de la réponse contre les violences et la riposte contre les pandémies (VIH/hépatites et Covid19) car les violences nourrissent les épidémies.

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A propos du 17 mai :  Depuis 2005, la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie (IDAHOT) se déroule chaque 17 mai, en référence au retrait le 17 mai 1990 de l’homosexualité de la liste des maladies mentales éditée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le thème retenu pour cette édition 2021 est « Ensemble : résister, soutenir, guérir ! ».

A propos d’AGCS PLUS. Réseau thématique de Coalition PLUS, AGCS PLUS est un réseau francophone de défense des droits des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Le réseau couvre dix pays et mobilise 19 associations identitaires LGBTIQ+ et de lutte contre le sida d’Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre.  L’action du réseau AGCS PLUS se déploie sur deux volets : la lutte contre le sida et la défense des droits des minorités sexuelles en Afrique.

A propos de Coalition PLUS. Créée en 2008, Coalition PLUS est un réseau international d’associations de lutte contre le VIH et les hépatites engagées dans l’atteinte des objectifs fixés par l’ONU. En impliquant pleinement les communautés les plus vulnérables au VIH/sida et aux hépatites, Coalition PLUS intervient dans 40 pays et auprès d’une centaine d’organisations. Ses valeurs : respect de la diversité et du non-jugement, solidarité, innovation.

Note

[1] UNITY est une plateforme regroupant 34 associations de personnes LGBT au Cameroun

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