Journée mondiale contre le sida : L’accès à la prévention et aux soins est un droit !

A l’occasion du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, Coalition PLUS rappelle que si des progrès ont été réalisés ces 20 dernières années, encore 46%[1] des personnes vivant avec le VIH/sida dans le monde n’ont pas accès au traitement. Une injustice d’autant plus intolérable que les moyens techniques et scientifiques pour mettre fin au sida existent.

Le 9 décembre 1997, à la conférence sur le sida en Afrique à Abidjan, le Président français Jacques Chirac déclarait : « Il serait choquant, inacceptable et contraire à la plus élémentaire des solidarités d’assister sans réagir à l’instauration d’une épidémie à deux vitesses. Comment pourrions nous continuer à invoquer les droits de l’Homme et la dignité humaine dans les enceintes internationales si, dans le même temps, à l’abri des meilleures raisons, nous acceptions que des millions de malades restent privés pour toujours des thérapies les plus efficaces ? »[2].

Ce discours fondateur de la France a lancé la mobilisation internationale contre le sida. Le Fonds de solidarité thérapeutique international (FSTI), créé sous le gouvernement de Lionel Jospin, a servi de modèle pour la création en 2001 du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui finance la moitié des traitements antirétroviraux disponibles dans les pays pauvres.

Vingt ans après, la science a démontré qu’une personne séropositive à VIH sous traitement et avec une charge virale indétectable ne transmet plus le virus, et d’immenses progrès ont été réalisés : 20,9 millions de personnes sont désormais sous traitement[3], contre 7,7 millions en 2010[4], et la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant a permis de mettre 77 % des femmes enceintes ou allaitantes vivant avec le VIH sous antirétroviraux en 2015, évitant ainsi 1,6 million nouvelles infections chez les enfants depuis 2000[5].

« Ce sont des résultats dont nous pouvons être fiers, mais le sida n’est pas une épidémie du passé. » a déclaré le professeur Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS. « Des millions de personnes restent encore exclues de la prévention et du soin, en majorité dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Nous ne pouvons pas les laisser de côté. »

 

Une épidémie à plusieurs vitesses

Dans le monde, plus de 17,1 millions[6] de personnes ont encore besoin d’un traitement contre le VIH, dont 1,3 million[7] de personnes dépistées séropositives en Afrique de l’Ouest et du Centre. 30%[8] des personnes séropositives ne connaissent pas leur statut sérologique. Le manque d’argent et la peur d’être victime de sérophobie découragent les personnes de se faire dépister et de se rendre aux centres de soins.

Certains groupes de population sont particulièrement mis à l’écart. Le sida est la première cause de mortalité des adolescents-es dans le monde, et des femmes de 15 à 44 ans en Afrique subsaharienne[9]. Les populations clés[10] sont disproportionnellement touchées par l’épidémie. Celles-ci se trouvent en effet prises dans des mécanismes de stigmatisation et de discrimination qui vont jusqu’au secteur de la santé et qui les empêchent d’accéder aux services de prévention du VIH. Sans mise en place de politiques favorables aux populations clés, elles demeureront en bas de l’échelle de l’accès aux soins, alors même que l’ONUSIDA préconise de les prioriser.

En travaillant avec les premiers concernés, les associations communautaires parviennent à monter des programmes efficaces pour prévenir les nouvelles infections et réduire la mortalité, y compris chez les groupes criminalisés. Mais les moyens financiers manquent pour généraliser les programmes, parfois même pour les maintenir.

« Comme l’ONUSIDA, nous demandons aux dirigeants du monde entier d’agir concrètement pour le droit à la santé des personnes touchées par le VIH. Nous pensons par exemple au président Emmanuel Macron : va-t-il nous aider à remobiliser les présidents africains pour mieux convertir l’aide internationale en traitements pour les malades ? », ajoute Hakima Himmich.

Selon l’ONUSIDA, il manque 7 milliards de dollars par an pour mettre fin à l’épidémie : les mobiliser est une question de santé publique mais aussi de droits humains.


[1] ONUSIDA http://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet

[2] Fondation Chirac  http://www.fondationchirac.eu/wp-content/uploads/2008/12/discours-dabidjan-1997.pdf

[3] ONUSIDA, mi 2017, http://www.unaids.org/en/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2017/november/20171121_righttohealth_report

[4] ONUSIDA http://www.unaids.org/fr/resources/fact-sheet

[5] ONUSIDA http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/featurestories/2016/october/20161024_EMotherToChildT

[6] ONUSIDA http://www.unaids.org/en/resources/presscentre/pressreleaseandstatementarchive/2017/november/20171121_righttohealth_report

[7] An emergency catch-up plan to accelerate the HIV response in west and central Africa, december 2016

[8] ONUSIDA, Right to Health, http://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/20170720_en-finir-avec-le-sida_synthese.pdf

[9] Fonds mondial, « Gros plan sur les femmes et les filles » : http://www.theglobalfund.org/fr/womengirls/

[10] Selon l’ONUSIDA « Les personnes issues des populations clés, qui incluent les professionnel(le)s du sexe, les consommateurs de drogues injectables, les personnes transsexuelles, les détenus et les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ainsi que leurs partenaires sexuels », http://www.unaids.org/fr/resources/presscentre/featurestories/2016/november/20161121_keypops

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