La Suisse: ses banques, son chocolat et… ses travailleurs du sexe itinérants venus d’Europe de l’Est

Comme nous l’apprenait le magazine gay, lesbien, bi et trans de l’association « 360° » (www.360.ch) le 4 août dernier, on assiste depuis un certain temps en Suisse à l’arrivée, par vagues, de garçons d’Europe de l’Est s’adonnant à la prostitution masculine dans les plus grandes villes de ce petit pays. Essentiellement clandestins, rarement homosexuels eux-mêmes, ces jeunes hommes, parfois mineurs et la plupart du temps originaires de Roumanie, sont en effet de plus en plus nombreux à exercer illégalement dans les saunas, toilettes publiques ou cinémas pornos de Zurich ou de Genève.

Si la prostitution masculine sur la scène homosexuelle suisse n’est évidemment pas une nouveauté, les travailleurs sociaux du réseau VIH/sida helvétique sont particulièrement inquiets de ce phénomène, dans la mesure où ils n’ont ni le temps ni les moyens d’instaurer un rapport de confiance avec ces nouveau travailleurs du sexe, qui ont la particularité de se déplacer fréquemment d’une ville à l’autre en fonction des besoins et de la demande. En outre, le travail de prévention lié aux maladies sexuellement transmissibles a dû s’adapter à cette nouvelle réalité. Ainsi, le matériel de prévention, traditionnellement écrit, a notamment dû être repensé et des traducteurs/interprètes intégrés aux actions de terrain; le manque de maîtrise du française ou de l’anglais, voire l’illettrisme de certains de ces travailleurs du sexe posant des problèmes de compréhension manifestes.

Par ailleurs – et comme on pouvait s’en douter – la criminalisation de cette population, déjà socialement et économiquement précarisée, s’érige comme un obstacle majeur au travail de prévention des acteurs associatifs présents sur le terrain. En effet, ces migrants n’étant la plupart du temps pas autorisés à travailler sur territoire helvétique, ils hésitent souvent à garder des préservatifs sur eux, car ceux-ci pourraient être considérés comme des indicateurs d’un travail rémunéré et illégal en cas de contrôle de police.

Pour rappel, certaines études ont révélé que 10% des hommes gays font régulièrement appel à du sexe tarifé.

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