Coronavirus : Coalition PLUS met en place un fonds d’urgence

La pandémie de COVID-19, mais aussi les mesures de santé publiques mises en oeuvre par les Etats pour y répondre, affectent à la fois le fonctionnement des associations communautaires de lutte contre le sida et les conditions de vie des personnes qu’elles accompagnent. Afin d’aider ses organisations membres et partenaires à poursuivre et adapter leurs actions, en particulier dans les pays du Sud, Coalition PLUS a mis en place un fonds d’urgence, avec le soutien de ses partenaires institutionnels. Cet appui est indispensable pour assurer la survie des plus vulnérables. Interview de Vincent Pelletier, directeur général de Coalition PLUS.

Qu’est-ce que le fonds d’urgence de Coalition PLUS contre le coronavirus ? 

Vincent Pelletier, DG de Coalition PLUS

Vincent Pelletier : En mars 2020, dans les pays du Sud, nos associations membres et partenaires ont été confrontées aux premiers cas d’infection. Nous avons donc décidé de leur donner les moyens d’y faire face. Très rapidement, nous avons sollicité nos partenaires institutionnels, afin de réorienter une partie des financements vers la réponse à cette crise sanitaire et de nous aider à constituer ce fonds d’urgence. 

C’est une première pour Coalition PLUS de constituer un tel fonds, à cette échelle. Nous avions un petit fonds d’urgence pour parer à des situations extrêmes. Il nous servait par exemple à exfiltrer des personnes en danger de mort dans leur pays, du fait des discriminations homophobes ou transphobes. Mais jamais nous n’avions dû mobiliser de telles sommes pour assurer la survie des personnes que nous accompagnons au quotidien. A terme, grâce à ce fonds, ce sont des dizaines de milliers de personnes – salariés-es, volontaires, mais aussi usagers-ères des services de nos associations membres et partenaires – qui pourront s’équiper en matériel de protection et répondre aux besoins du quotidien (hygiène, alimentaire, traitements antirétroviraux…). 

Actuellement, quelles sont les actions soutenues par ce fonds d’urgence ?

Vincent Pelletier : Ces actions se divisent actuellement en trois grandes catégories : maintien dans le soin des personnes séropositives, aide aux personnes les plus marginalisées et actions d’information et sensibilisation visant à endiguer la propagation du COVID-19.

« Nous devons à tout prix maintenir dans le soin les personnes séropositives »

En premier lieu, nous devons à tout prix maintenir dans le soin les personnes séropositives. Par exemple, afin d’éviter les allers et venues dans nos centres de soin ou à la pharmacie, et ainsi réduire les risques de transmission du coronavirus, nous distribuons aux personnes séropositives que nous suivons des stocks de traitement antirétroviral pour plus d’un mois. Pour les plus fragiles, les traitements sont directement livrés à leur domicile. Par ailleurs, nous “dépannons” les personnes séropositives restées bloquées dans certains pays du fait des fermetures de frontières. 

« Pour parer à l’urgence alimentaire des populations marginalisées, nous organisons des distributions de bons ou paniers repas »

En second lieu, notre mission est aussi de venir en aide aux populations les plus marginalisées. Cela inclut, entre autres, les travailleurs-ses du sexe et les personnes usagères de drogues. En effet, en raison des mesures de confinement, ces populations se retrouvent encore plus précarisées, sans moyens de subvenir à leurs besoins vitaux. Pour parer à l’urgence alimentaire, nous organisons des distributions de bons ou paniers repas.

« Les Etats recherchent notre expertise pour combattre plus efficacement la pandémie de COVID-19 » 

Enfin, en lien avec les systèmes de santé, ou directement avec les Etats, nous accompagnons la mise en oeuvre des recommandations visant à endiguer la propagation du COVID-19. Par exemple, nous organisons des séances d’information auprès des publics les plus difficiles d’accès. Nous espérons en outre bientôt pouvoir réaliser des dépistages dans les communautés. Avec l’épidémie de sida, nos associations membres et partenaires ont développé une vraie expertise en matière d’accompagnement des malades, de gestion du deuil ou tout simplement de gestion d’une crise sanitaire. Les Etats recherchent cette expertise pour combattre plus efficacement la pandémie de COVID-19. 

Le fonds d’urgence couvre-t-il tous les besoins des associations et des personnes qu’elles accompagnent ? 

Vincent Pelletier : Jusqu’ici, nous avons consacré 1 million d’euros [400 000€ en mars, 600 000€ en avril, ndlr] à répondre à l’urgence. Cela comprend : acheter du matériel de protection pour les soignants-es et acteurs-rices communautaires de nos associations, délivrer des bons ou des paniers repas à nos bénéficiaires en danger alimentaire et acheminer des traitements à tous-tes celles et ceux qui en avaient besoin et nous en faisaient la demande. Mais ce montant reste insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins identifiés. D’ici le mois de juin 2020, nous estimons ces besoins entre 3 et 4 millions d’euros.

Le matériel de prévention (masques, gel hydroalcoolique…) notamment, qui devrait être fourni à tous-tes celles et ceux qui fréquentent nos centres de santé, représente un coût important, qui n’est pour l’instant pas entièrement couvert par le fonds d’urgence. Par ailleurs, il serait dangereux de faire venir dans nos centres certaines personnes usagères de nos services, particulièrement fragiles. Il nous faut donc recruter des agents de santé communautaires supplémentaires pour se rendre à leur domicile, afin de leur distribuer des traitements vitaux et d’assurer un suivi.  

C’est pourquoi le grand public, et en particulier nos donateurs, jouent un rôle fondamental dans la poursuite de nos actions. Nous avons besoin de vous. Vos dons, quels qu’en soient les montants, nous permettent non seulement de poursuivre notre mission de lutte contre le sida et d’accompagnement des malades et des plus vulnérables, mais aussi d’adapter nos actions dans un contexte épidémique critique. Nous vous en sommes reconnaissants-es !

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