Discours de François Hollande sur la solidarité internationale : AIDES et Coalition PLUS réagissent

Communiqué de presse

Le 1er mars 2013, François Hollande, Président de la République française, a présenté dans un discours ses grandes priorités de développement international pour les années 2013-2017, y compris dans sa dimension de lutte contre la pandémie du sida. AIDES et la Coalition PLUS réagissent.

« La France veut la fin du sida, et elle s’en donnera tous les moyens »

C’est ce que le Président Hollande avait déclaré le 26 novembre dernier. Il avait ajouté « C’est donc une des priorités que j’assigne à la politique de la France : contribuer à un accès universel aux traitements. ». Ces déclarations présidentielles faisaient directement suite à celles du 22 juillet 2012 : « Arrêter l’épidémie de sida dans le monde c’est possible. Je veux ici renouveler l’engagement que nous parviendrons à traiter non seulement 7 millions de personnes, mais 15 millions de malades du sida. ».

Cet engagement en faveur de la fin de la pandémie du sida est essentiel au développement économique et social des pays pauvres. En effet, avec plus de 30 millions de personnes contaminées par le VIH sur la planète, 15 millions de malades du sida, et 1,8 millions de morts l’année dernière (principalement en Afrique, principalement des 25-50 ans professionnellement actifs), la pandémie du sida constitue un terrible boulet aux chevilles de nombreux pays en difficulté, et alimente ainsi le cercle vicieux du sous-développement.

Face à cet enjeu, et aux engagements pris par le Président, AIDES et Coalition demandent à savoir où sont, concrètement, « tous les moyens » que le gouvernement entend se donner pour arrêter le sida ?

Pour en finir avec le sida, quel pourcentage de la TTF ?

« La France est le deuxième contributeur financier du Fonds mondial de lutte contre le sida, et elle entend poursuivre sa participation mais aussi la diversifier. Nous voulons créer des financements innovants, supplémentaires. C’est le sens de la taxe sur les transactions financières que mon pays a décidé de mettre en place dès le 1er août 2012. » Voici ce que déclarait François Hollande devant les participants de la conférence mondiale sur le sida, à Washington en juillet dernier.

Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, était allé plus loin, déclarant il y a un an et demi à peine, en clôture du sommet du G20, que « La France considère qu’une partie à définir importante majoritaire, totale du produit de taxe sur les transactions financières doit aller au développement international ».

Au final, qu’en est-il de la réalité des annonces présidentielles ? Le Président Hollande s’est contenté d’indiquer que les 10% solidaires de la TTF serviront en partie à financer ses engagements contre le sida (ainsi que pour l’accès à l’eau et pour le climat), sans préciser combien…

AIDES et Coalition PLUS appellent le Président a confirmer que 5% de la TTF contribueront à la lutte mondiale pour en finir avec le sida.

La France envisage t-elle de délaisser le Fonds mondial ?

La France est à l’origine du Fonds mondial : Lionel Jospin avait créé, en 1998, le Fonds de Solidarité Thérapeutique International, et obtenu en 2001 que le G8 emboîte le pas à la France en créant le Fonds Mondial de lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme. Depuis 2001, la France est le premier soutien du Fonds Mondial, par habitant (15% des ressources totale du Fonds, contre seulement 3% du PIB mondial).

Résultat : grâce à la formidable puissance de frappe sanitaire que permet cet instrument international, la France soigne désormais 630,000 malades du sida dans les pays pauvres (15% des 4,2 millions de malades soignés par le Fonds). C’est là un impact sur le développement que presque aucun programme bilatéral français n’a jamais réussi à atteindre.

AIDES et Coalition PLUS appellent le Président Hollande à rester fidèle à cette formidable invention française.

La TTF, un simple tour de passe-passe Hollande-Cahuzac ?

François Hollande a annoncé aujourd’hui qu’une partie de la TTF française contribuerait à la lutte mondiale contre le sida et les pandémies. AIDES et Coalition PLUS saluent cette décision, qui est conforme aux engagements déjà pris par le Président. Mais cette annonce restera vide de sens, s’il laisse Jérôme Cahuzac retrancher ces fonds des crédits budgétaires actuellement alloués à la lutte anti-VIH !

AIDES et Coalition PLUS appellent le Président à confirmer le caractère strictement additionnel des fonds annoncés aujourd’hui, et à proposer à ses homologues européens, en sus du plan ‘emploi jeunes’ dévoilé avec Angela Merkel le 22 janvier, que la TTF européenne soit affectée à hauteur de 5% au Fonds mondial de lutte contre les pandémies, dans le but d’en débarrasser la planète.

Photo : ©Voici.fr

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