TTF : tribune de ONE France, AIDES et Coalition PLUS dans Le Monde.fr

| ©LeMonde.fr – 06.05.2013 | Qui nous fera croire que le secteur financier, qui amasse des milliards chaque année, craint une taxe minime dont la vocation n’est que de servir le bien social national, européen et international ?

Rappelons que la taxe sur les transactions financières (TTF) telle qu’elle existe en France – et existera bientôt dans dix autres pays de l’Union européenne – n’est ni sans précédent, ni unique au monde.

Dans plusieurs pays, différentes formes de cette taxe existent sans que leur secteur banquier ne se soit écroulé. Le Brésil, la Suisse, Taïwan ou le Royaume-Uni sont autant de pays qu’on ne peut guère soupçonner d’anticapitalisme.

INSPIRÉE DE LA TAXE TOBIN

Afin de repositionner le débat sur cette « méchante » taxe qui va pénaliser les échanges spéculatifs, rappelons-en les origines. Inspirée de la taxe Tobin, elle a été promue et défendue pour servir deux objectifs.

Le premier, à la suite de la crise de 2008 et de la responsabilité du secteur financier dans l’effondrement de l’économie internationale, est de faire contribuer ce dernier de manière équitable et substantielle au coût de la crise et de compenser les pertes massives qu’il a pu causer dans les institutions et chez les individus de tout niveau social.

Le second objectif, défendu par de très nombreuses organisations non gouvernementales, est de fournir un financement complémentaire à la lutte contre l’extrême pauvreté, les grandes pandémies et le changement climatique.

Ces causes, que les dirigeants ont tendance à sacrifier par leur vision court-termiste de rigueur budgétaire, pourront bénéficier d’un financement additionnel. Il sera sans impact sur les citoyens français et européens et taxera un système financier qui ne contribue pas à cet effort mondial nécessaire en faveur des plus vulnérables.

INDÉCENT

Cette taxe a déjà été mise en place en France. En Europe, un processus de coopération renforcée entre onze pays membres de l’Union européenne se met en place. Il devra notamment discuter de l’affectation de la TTF au financement du développement mondial.

Nous dénonçons la manœuvre du secteur bancaire qui se permet de crier au loup pour stopper une démarche créée au bénéfice de l’intérêt général européen et mondial. Il ne faut pas se méprendre et lire entre les lignes les arguments opposés à la TTF par les banques. Ce vocabulaire alarmiste, qui met en garde contre l’effondrement d’une partie de l’économie européenne, est inapproprié, voire indécent.

Il est proféré par un secteur qui parle de manque à gagner pour quelques entreprises et actionnaires, pour s’opposer à la production de financements additionnels destinés à lutter contre des maladies comme le sida, contre des fléaux comme le changement climatique et contre la pauvreté en général. Des financements qui pourraient bénéficier à 1,3 milliard de personnes qui vivent aujourd’hui avec moins d’un euro par jour.

Photo : ©Robinhoodtax.org

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