Une TTF à l’échelle de l’Europe : d’accord, mais pour quoi faire ?

Comme nous le rappelait récemment le Figaro.fr, en pleine disette budgétaire, les capitales européennes rivalisent d’idées pour utiliser les recettes supplémentaires à attendre de la Taxe sur les Transactions Financières (TTF) européenne, dont les ministres des finances de l’UE ont autorisé la mise en place le 22 janvier dernier après trente mois de tergiversations et qui pourrait s’appliquer à partir de 2014 ou 2015 dans onze pays de la zone euro (voir illustration).

Ainsi, tandis que Bruxelles voudrait en absorber tout ou partie pour financer le budget européen, Paris ne refuse pas cette idée, tout en défendant celle d’en consacrer une part plus ou moins importante à l’aide au développement. De son côté, Vienne souhaite favoriser le financement de projets d’éducation avec cette manne financière – évaluée entre 10 et 30 milliards d’euros à l’échelle des pays signataires, selon les sources et calculs -, alors que Berlin compte bien en destiner l’intégralité à son trésor national, dans la perspective d’un avenir économique jugé plus que maussade.

Pourtant, déclarait Alexandre Naulot d’Oxfam France à l’agence de presse IPS News le 23 janvier dernier, « l’objectif principal de cette taxe devrait être la lutte contre la faim, la pauvreté, les pandémies et le changement climatique ». Un point de vue également défendu par Khalil Elouardighi, en charge du programme Plaidoyer de Coalition PLUS, interrogé par le même média : « Si les dirigeants européens voient la taxe seulement comme un moyen de combler leurs problèmes budgétaires immédiats et non comme une occasion unique dans ce siècle de financer enfin ces défis mondiaux, qui sont une menace énorme pour tout le monde, ce serait une erreur totale. »

A elle seule, la TTF française permettrait en effet de traiter environ 400 000 personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le monde en développement. « Maintenant que le pas décisif du vote en Conseil a été franchi, il n’y a plus d’excuse pour ne pas aborder le sujet de l’affectation des revenus de cette taxe. Tout dépend du couple franco-allemand et de la volonté politique de François Hollande et Angela Merkel ! », rappelle Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS.

Illustration : © Figaro.fr (sources : AFP, Reuters)

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