VIH, hépatites et IST : la Semaine internationale du dépistage, une initiative communautaire pour combattre les épidémies

Communiqué de presse- Dakar, 05 novembre 2021

Lundi 22 novembre 2021, Coalition PLUS lance la 2ème édition de la Semaine internationale du dépistage. A cette occasion, ses 49 associations membres et partenaires participant à l’opération dans 40 pays intensifient leurs actions en direction des populations marginalisées et demandent la reconnaissance du rôle majeur joué par les personnes infectées et vulnérables au VIH et les hépatites virales dans la riposte contre ces épidémies.

Du 22 au 28 novembre 2021, pour la deuxième année consécutive, Coalition PLUS, réseau international de lutte contre le sida et les hépatites virales, organise la Semaine internationale du dépistage. Dans 40 pays sur 5 continents, une cinquantaine d’organisations de la société civile, à l’avant-garde de la riposte à ces épidémies, prendront part à l’opération. Durant cette Semaine, elles mettront en place des actions d’information, de sensibilisation et de dépistage du VIH, des hépatites virales B et C, des infections sexuellement transmissibles (IST), mais aussi des cancers liés au papillomavirus humain (HPV), tels que le cancer du col de l’utérus et le cancer anal, en direction des personnes les plus vulnérables à ces infections.

Affirmer la place centrale des personnes les plus touchées dans la riposte au VIH et aux hépatites virales

Nous avons lancé la Semaine internationale du dépistage en 2020 pour affirmer la place centrale des communautés les plus touchées par le VIH et les hépatites virales dans la riposte à ces épidémies”, précise Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS. “C’est un coup de projecteur sur le dépistage par les pairs-es, qui a depuis longtemps montré sa pertinence dans la lutte contre le sida, en particulier dans le cadre d’actions menées par et pour les personnes vivant avec le VIH, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, les personnes transgenres, les travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes qui s’injectent des drogues ou encore les personnes migrantes et détenues”. 

Pour la reconnaissance effective du rôle et du statut des agents de santé communautaire

En effet, ces personnes possèdent une fine connaissance des codes, pratiques et lieux de vie de leurs communautés, souvent éloignées des systèmes de santé classiques en raison de la stigmatisation, des discriminations, voire de la répression qu’elles subissent.

Ces agents de santé communautaires, dès lors qu’ils et elles sont formés-es aux tâches biomédicales requises, sont ainsi les mieux placés-es pour dépister leurs pairs-es, mais aussi pour leur offrir un accompagnement adapté vers la prévention et le soin, en lien avec les structures de santé.

Pourtant, dans de nombreux pays, ces précieux-euses auxiliaires de la lutte contre les épidémies restent confrontés-es à d’importantes barrières, statutaires, légales et financières.

Alors que nous avons suffisamment démontré au fil des ans notre rôle pour faciliter la détection de nouveaux cas de VIH, accompagner les personnes séropositives à bien suivre leur traitement ou encore aider nos pairs victimes de rejet et de discriminations, nous nous heurtons hélas encore et toujours à un manque de reconnaissance des financeurs comme du personnel de santé”, s’indigne Cheick Hamala Sidibé, chargé de mission Droits humains à ARCAD Santé PLUS, membre de Coalition PLUS au Mali.

C’est paradoxal : même si l’efficacité de nos interventions est reconnue et qu’elles sont citées en modèle depuis longtemps par les instances internationales, notre travail sur le terrain demeure souvent précaire, risqué, peu valorisé et sous-financé. Partout dans le monde, nous demandons la reconnaissance effective du rôle et du statut des agents de santé communautaire, y compris des pairs-es éducateurs-rices !”

Chute des dépistages en 2020 en raison de la COVID-19

La reconnaissance du statut des agents de santé communautaire est d’autant plus cruciale que la COVID-19 a fortement perturbé les services de prévention et de dépistage du VIH dans le monde. Ainsi, selon le Fonds mondial, le nombre de dépistages du VIH a chuté de 22% en 2020 par rapport à l’année précédente. Un recul inédit, qui fait craindre une recrudescence de l’épidémie. Dans ce contexte, les agents de santé communautaire ont indéniablement un rôle majeur à jouer pour rattraper le temps perdu vers l’élimination du VIH.

« Nous sommes très souvent la porte d’entrée pour l’accès à la prévention et aux soins, car nous évoluons au plus près des communautés », rappelle Cheick Hamala Sidibé. « Les pairs-es éducateur-trices sauvent des vies ! »


Faits et chiffres sur le VIH et le dépistage communautaire

  • 6,1 millions de personnes vivant avec le VIH ne connaissent pas leur statut en 2020   
  • 37,7 millions de personnes vivent avec le VIH en 2020
  • 65% de toutes les nouvelles infections au VIH sont issues des populations les plus vulnérables aux VIH et marginalisées en 2020
  • 680 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2020
  • Une méta-analyse publiée dans PLOS Medicine en 2013 montre que la mise en place du dépistage communautaire, en renforcement des dispositifs médicalisés, multiplie par 7 le taux de connaissance du statut sérologique au sein de la population.
  • Depuis 2015, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande officiellement le recours à des prestataires communautaires pour le dépistage du VIH.

Données du réseau Coalition PLUS :

  •  Au Maroc, un tiers des personnes dépistées positives au VIH en 2019 ont été dépistées par des agents de santé communautaire de l’ALCS, membre de Coalition PLUS, alors même que l’association n’utilise que 10% des tests disponibles au niveau national.
  • En Equateur, en 2019, Kimirina, membre de Coalition PLUS, a dépisté 900 personnes positives au VIH sur 40 000 tests réalisés, soit 6 fois le taux obtenu par le système de santé public.
  • Au Mali, en 2020, sur la totalité des tests réalisés par ARCAD Santé PLUS, membre de Coalition PLUS, respectivement chez les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les personnes usagères de drogues injectables, 11%, 10% et 3% étaient positifs, alors que la prévalence du VIH au niveau national est de 1,1%.

Nos revendications 

Au regard du rôle primordial joué par les agents de santé communautaires, dont les pairs-es éducateurs-rices, dans l’accélération de la lutte contre le sida au niveau mondial et donc dans l’atteinte des objectifs d’élimination du VIH d’ici 2030, Coalition PLUS et ses associations membres et partenaires, demandent aux Etats et aux acteurs impliqués dans la santé publique mondiale de travailler en direction de :

•            la pleine intégration des agents de santé dits « communautaires » dans les plans nationaux de santé ;

•            la mise en place d’un cursus de formation menant à une certification des agents de santé communautaire ;

•            l’intégration systématique des données du dépistage communautaire aux données nationales ;

•            la définition de cadres nationaux d’intervention des acteurs communautaires à toutes les étapes du parcours de soin ;

•            la garantie d’un régime de protection sociale aux agents de santé communautaires dans le prolongement de la reconnaissance de leur statut professionnel.

Contact Presse: Raphaël DJAMESSI (Dakar)I  + 221 78 432 52 59 I rdjamessi@coalitionplus.org

A propos de Coalition PLUS : Réseau international d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales fondée en 2008, Coalition PLUS intervient dans 52 pays et auprès d’une centaine d’organisations de la société civile. A travers le principe de gouvernance partagée qui la régit, notre union implique 16 organisations adhérentes et plus de 100 associations partenaires dans 52 pays du Nord et du Sud, dans la prise de décision. Elle est actuellement présidée par la Pr Hakima Himmich.

En savoir plus sur Coalition PLUS

A propos de la Semaine internationale du dépistage : La Semaine internationale du dépistage a été initiée pour la première fois en 2020 par Coalition PLUS, réseau international de lutte contre le sida et les hépatites virales. Elle vise à sensibiliser les populations les plus vulnérables au dépistage précoce du VIH, des hépatites virales B et C, des infections sexuellement transmissibles et de certains cancers liés au papillomavirus humain (HPV), mais aussi à promouvoir les outils innovants de dépistage, comme l’autotest du VIH.  Organisée avec le soutien de l’Agence Française du Développement (AFD), de L’Initiative d’Expertise France, du Robert Carr Fund et de Aidsfonds, la deuxième édition de cette initiative mondiale aura lieu du 22 au 28 novembre 2021 dans 40 pays.

En savoir plus sur la Semaine internationale du dépistage

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