En 2023, Coalition PLUS a lancé un projet de formation des professionnels-elles de la santé au diagnostic et à la prise en charge des cancers anaux, particulièrement chez les personnes vivant avec le VIH. Cette initiative a permis la formation de 26 professionnels-elles de santé (médecins généralistes, infirmières et sage femmes) dans plusieurs pays, marquant ainsi une avancée significative dans la lutte contre les pathologies anales liées aux cancers à HPV (papillomavirus humain).
Deuxième journée de formation (Amérique latine & Caraïbes)
Le diagnostic et l’orientation : une première étape pour faire face aux cancers anaux
Le Dr Alou Coulibaly et le Dr et Pr Laurent Abramowitz ont parcouru les centres communautaires des associations partenaires de Coalition PLUS, offrant ainsi leur expertise dans le diagnostic et l’orientation des pathologies anales. De Agadir à Bujumbura, en passant par Dakar, ces formations ont permis aux professionnels-elles de santé des différents pays d’acquérir des compétences essentielles, principalement dans le diagnostic et l’orientation des patients.
Désexualiser la santé anale
La santé anale reste un sujet délicat, tant pour les professionnels-elles de santé que pour les patients. Cependant, pour les personnes séropositives, la surveillance de cette zone est vitale, car elles sont plus susceptibles de développer des cancers.
Pour Stanislas Mommessin, Responsable de l’Accès aux services communautaires de santé de Coalition PLUS, il est nécessaire de briser les tabous qui entourent la santé anale car “tout individu lambda a eu, a ou aura un problème de pathologies anales, indépendamment de ses pratiques sexuelles”
De plus, la promotion d’une approche holistique de la santé est centrale dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida.
« Dans la lutte contre le VIH/sida, nous avons tendance à tout segmenter. Or, tout est interconnecté », rappelle Stanislas Mommessin.
En formant des médecins qui exercent dans les centres de santé du réseau de Coalition PLUS aux actes proctologiques, l’objectif est d’offrir un accès à des services médicaux essentiels aux personnes les plus touchées par l’infection du VIH. Ces formations participent à l’effort de réduction des inégalités en matière d’accès à la santé pour ces publics.
Poursuite de la formation par le Dr Mario Gomez de la Clinica la Condesa au Mexique
« Ceci est particulièrement vrai dans des contextes, comme au Sénégal, où le pays pénalise les relations homosexuelles. Cela constitue un véritable frein à la consultation dans des milieux de santé classique », précise Stanislas Mommessin.
Des nombreux défis persistent
Malgré les progrès réalisés, des défis subsistent. Coalition PLUS s’engage à former davantage de professionnels-elles de santé afin de garantir une couverture optimale des services proctologiques. De plus, l’accès au matériel thérapeutique reste une priorité pour assurer aux patients, l’accès à des services complets. Aujourd’hui, seuls quelques centres du réseau en sont équipés.
“Pour l’instant, les centres non équipés en kit thérapeutique renvoient les patients à traiter vers les centres disposant du matériel. Mais, parfois, les trajets entre les centres sont longs et compliqués. Puis, nos centres ne peuvent prendre en charge. Il devient alors stratégique de sensibiliser les praticiens des filières de soins classiques à accueillir nos publics”, explique Stanislas Mommessin.
Au-delà des formations, Coalition PLUS milite activement pour rendre le vaccin contre HPV accessible à tous et toutes. Avec près de 95% des cancers de l’anus et de l’utérus attribuables au HPV, la vaccination représente une stratégie de prévention efficace. Il est donc essentiel de généraliser l’accès à la vaccination pour réduire le nombre des cancers évitables et ainsi sauver des vies.
En renforçant les capacités médicales des praticiens au Sud, en brisant les tabous et en militant pour l’accessibilité du vaccin à HPV pour tous et toutes et au plus tôt, des avancées significatives seront réalisées en santé sexuelle dans la lutte contre les cancers liés à HPV.