Après 33 ans, la conférence mondiale sur le sida revient à Montréal

Cet été a eu lieu la 24ème conférence mondiale sur le sida (AIDS) dans la métropole québécoise, Montréal. L’équipe de Coalition PLUS s’est rendue sur place pour y présenter les résultats de son travail de recherche mais aussi, pour y célébrer les « dealers de réduction des risques ». A cette occasion, Nicolas Ritter – rapporteur officiel des événements communautaires pour l’IAS – nous en parle.  

Nicolas Ritter

Il y a 33 ans, Montréal accueillait la 5ème édition de la conférence mondiale sur le sida. Pourquoi est-elle considérée comme un moment clé dans l’histoire de la lutte ?

Nicolas Ritter : En 1989, les nouvelles infections et les décès connaissent une croissance exponentielle. Jusqu’alors, la conférence était réservée aux médecins et aux scientifiques. Cette année-là, les militants-es et les malades du sida ont fait de la conférence un lieu de mobilisation. Ils ont exigé leur inclusion. Ils ne voulaient plus qu’on discute des enjeux de l’épidémie sans eux. C’est à partir de ce moment qu’est né le slogan « Rien pour nous, sans nous ». Autrefois, la santé était confinée dans les milieux scientifiques et médicaux. Mais, à partir de 1989 et avec la conférence de Montréal, la santé est devenue une question politique et le rapport des médecins vis-à-vis des malades a radicalement changé.

Cette année, la conférence sur le sida à Montréal a également fait parler d’elle à propos des nombreux visas rejetés par l’administration canadienne. L’équipe de Coalition PLUS a-t-elle été impactée ?

Protestation au stand de l’IAS et du Canada pour les VISAS rejetés – Credit photo : Richard Stranz (Coalition PLUS)

NR : Oui. 15% de notre délégation n’a pas su se rendre à l’événement. Au total, une centaine de participants n’ont pas été en capacité d’obtenir un visa pour leur séjour. Originaires d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie, ce sont les personnes qui vivent dans les pays les plus touchés par l’épidémie qui se sont vues refuser l’accès à l’événement. Il est clair que la voix des communautés a été bâillonnée. De nombreuses protestations ont eu lieu lors de la conférence (cf. photo). A l’avenir, nous espérons que les organisateurs de la conférence sauront choisir un pays où nous serons tous-tes les bienvenus-es.

Pourquoi Coalition PLUS a choisi comme thème de campagne pour la conférence sur le sida de Montréal « les dealers de réduction des risques » ?

NR : Nous voulions célébrer les militants-es qui s’engagent à garantir un accès aux services de réduction des risques pour les personnes usagères de drogue. En 2021, ces dernières représentaient 10% des 1,5 millions de nouvelles infections à VIH enregistrées dans le monde. Or, si le risque est élevé, seul 1% des usagers a accès aux services de réduction des risques.

Lors de son intervention, le Pr Hakima Himmich – ex-présidente de Coalition PLUS – a dénoncé les politiques de santé publique en matière de drogues. Elle dénonce la binarité de la situation : soit les Etats choisissent l’indifférence, soit ils choisissent la répression.

Chez Coalition PLUS, nous militons pour une démarche inclusive et humaine. Nous refusons la répression, car cela n’apporte aucun résultat. Chaque année, nous nous joignons à la campagne « Support, don’t punish » dont le slogan résume assez bien notre positionnement à ce sujet.

Coalition PLUS a présenté les résultats de sa recherche sur les conséquences de la crise sanitaire de Covid-19. Que peut-on retenir ?

NR : L’enquête a souligné la résilience du système de santé communautaire face à la crise sanitaire de la Covid19.

40% des personnes accompagnées par nos structures ont pu continuer à avoir accès à des services de prévention

90% des PVVIH accompagnées par notre associations communautaires n’ont pas connu de rupture de traitement ARV (traitement antirétroviral).

Cela prouve bien que notre démarche communautaire est efficace et que nous devons continuer à la défendre et à faire reconnaitre le statut des personnes qui la rendent possible

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