Bolivie : soins et prévention du VIH dans les prisons

Dans ce pays d’Amérique latine, les défis majeurs liés à la santé et aux droits humains sont omniprésents. L’épidémie de VIH en Bolivie est alarmante, notamment dans ses prisons où les soins et la prévention y sont manquants. L’extrême pauvreté, la corruption, la surpopulation et la présence de drogues alimentent l’épidémie.

A ce sujet, nous avons échangé avec nos collègues José Willan Montaño et Harold Mendoza, acteurs de première ligne dans notre association partenaire en Bolivie, l’Instituto para el Desarrollo Humano (IpDH). Leur témoignage éclaire l’impact de leur travail auprès des détenus et souligne l’importance cruciale de la prévention et de l’accès aux soins du VIH en prison pour endiguer l’épidémie en Amérique latine.

L’épidémie croissante de VIH en Amérique latine

L’Amérique latine est la seule région du monde où le VIH continue de progresser malgré les efforts de prévention. En Bolivie, l’absence d’accès à la PrEP et l’indisponibilité des auto-tests VIH est un véritable frein dans le recul de l’épidémie.

Nouvelles infections au VIH en augmentation en Amérique Latine
Source : ONUSIDA (Octobre 2019)

Protection des Droits de l’Homme et Soins du VIH en Prison

La surpopulation carcérale est un facteur majeur de l’épidémie en prison. En 2022, elle atteignait près de 188%. Par exemple, en décembre, la capacité des prisons avait été calculée à 8 626 détenus alors que 24 824 personnes étaient incarcérées.

La législation bolivienne garantit aux détenus-es vivants-es avec le VIH/sida l’accès aux soins et le respect de leurs droits fondamentaux. Pourtant, la réalité sur le terrain est tout autre. L’infrastructure médicale en prison est souvent insuffisante, avec un nombre limité de professionnels de santé pour répondre aux besoins des détenus-es.

C’est pourquoi, l’intervention en milieu carcéral est complexe. De plus, une particularité des prisons boliviennes vient ajouter son lot de défis supplémentaires. En effet, il existe deux types de prisons : les prisons de hautes sécurités et les prisons dites “classiques”. Dans ces dernières, les détenus-es vivent souvent avec leur famille, créant des villages carcéraux miniatures exacerbant les défis sanitaires.

Actions de soins et de prévention en prison de notre association partenaire

Depuis 2021, notre association partenaire mène des campagnes de dépistage du VIH, de la syphilis, de l’hépatite B et C en prison, intensifiées lors de la Semaine Internationale du Dépistage. Elle forme également le personnel médical pour une meilleure prise en charge des patients séropositifs.

Dépistage en prison lors de la Semaine Internationale du Dépistage 2022

En plus du dépistage et de la formation, nos équipes sensibilisent les détenus aux questions de santé sexuelle et à leurs droits liés à leur statut sérologique. Ils assurent également le suivi de personnes vivant avec le VIH et la coordination avec les médecins des prisons. 

Lorsqu’un-e détenu-e est dépisté-e positif-ve, ils-elles sont orientés-ées vers le service médical de la prison pour confirmation du diagnostic en laboratoire et mise sous traitement antirétroviral le plus rapidement possible. Néanmoins aujourd’hui, l’accès au traitement et le suivi des patients-es après leur libération reste un défi majeur.

Le travail de nos collègues boliviens souligne l’importance cruciale de la prévention et des soins du VIH en milieu carcéral, dans un contexte où les personnes privées de liberté sont vulnérables et souvent reléguées au second plan. 

L’accès aux soins et au dépistage dans les prisons partout dans le monde est essentiel pour lutter contre l’épidémie de VIH et défendre les droits humains.

PARTAGER