Du 6 au 9 avril 2022, personnes vivant avec le VIH, chercheurs-euses, médecins et acteurs associatifs francophones se réuniront à Marseille pour la 11e Conférence internationale francophone sur le VIH et les hépatites de l’AFRAVIH. A cette occasion, Coalition PLUS et ses associations membres et partenaires lancent une campagne pour promouvoir la santé sexuelle. Cette stratégie innovante permet aux personnes les plus exposées au VIH d’accéder aux services de santé adaptés à leurs besoins, quelles que soient leurs pratiques sexuelles, leur orientation ou leur identité de genre.
« Plaisir, Santé, Sexe : Osez l’expertise communautaire » : c’est l’invitation faite par Coalition PLUS aux décideurs, chercheurs-euses et professionnels-les de santé à l’occasion de la conférence AFRAVIH Marseille 2022. A travers des visuels pop, ludiques, décomplexés, cette campagne propose de prendre en compte la santé sexuelle dans ses multiples dimensions et de faire confiance aux savoirs et savoir-faire des personnes les plus touchées par le VIH.
Des populations discriminées dans l’accès à la santé
Car aujourd’hui encore, les discriminations et les lois répressives empêchent certaines personnes séropositives ou marginalisées, comme les travailleurs-euses du sexe, les personnes LGBTQI+, usagères de drogues, ou encore migrantes, d’accéder aux services de prévention et de soin dans les systèmes de santé classiques.
En Afrique subsaharienne par exemple, jusqu’à 40% des hommes gays et bisexuels retardent ou évitent leur prise en charge médicale en raison de la stigmatisation. Un chiffre corroboré par les témoignages des usagers-ères du centre Access d’Alternatives Cameroun, partenaire de Coalition PLUS. Yéké José, 28 ans, dit avoir été «victime de discrimination de la part d’un médecin à l’hôpital public », parce qu’il était « efféminé ». Pour sa part, Rosie, 25 ans, raconte : « J’ai déjà eu une mauvaise expérience à Yaoundé avec un médecin qui disait ne pas vouloir “perdre son temps avec un garçon manqué” ».
Besoins spécifiques de santé négligés
Ces difficultés exposent davantage ces personnes aux risques d’infections par le VIH et toute autre infection sexuellement transmissible. En 2020, ces populations dites “clés” et leurs partenaires représentaient 65% des nouvelles infections à VIH dans le monde.
En outre, leurs besoins spécifiques de santé, en matière de santé anale par exemple, sont souvent négligés en raison des représentations négatives et des tabous autour de leur sexualité. Conséquence : ces personnes ne peuvent parler librement ni de leur orientation, ni de leurs pratiques sexuelles à leur médecin. Ce silence empêche d’établir les diagnostics, qui pourraient, dans certains cas, éviter des décès.
Un puissant levier d’action contre le VIH
«Si nous voulons mettre fin à l’épidémie du VIH d’ici 2030, les personnes les plus exposées au VIH doivent pouvoir accéder à des services de santé de qualité et adaptés à leurs besoins, et ce quelles que soient leurs pratiques, leur orientation, leur identité de genre, leur métier, ou encore leur statut migratoire», affirme Hakima Himmich, Présidente de Coalition PLUS. «C’est pourquoi nous développons, depuis plusieurs années, des cliniques communautaires de santé sexuelle. Ces structures uniques en leur genre offrent des services pensés et mis en œuvre par et pour les personnes infectées ou exposées aux risques d’infection par le VIH avec le soutien d’agents de santé communautaire et de professionnels-les de santé sensibilisés-es et formé-es.»
Ainsi, à travers l’Afrique, l’Europe, ou encore l’Amérique latine, les 24 cliniques de santé sexuelle du réseau Coalition PLUS proposent non seulement des services de prévention et de prise en charge médicale, mais aussi un soutien économique, psychologique et juridique, notamment en cas de violences.
Relever le défi de la santé sexuelle
"Malheureusement, ouvrir et maintenir nos cliniques relève encore du parcours du combattant. Les autorités et les riverains ne voient pas toujours d’un bon œil ces structures qui accueillent des personnes marginalisées et parfois criminalisées. De plus, les financements dédiés à la santé sexuelle sont encore rares et dispersés », regrette Hakima Himmich.
Afin de surmonter les obstacles sociaux, juridiques et économiques au large déploiement de la santé sexuelle, Coalition PLUS et l’AFRAVIH lancent l’Appel de Marseille. Nous demandons à la communauté internationale de :
- reconnaître l’importance de la santé sexuelle,
- mettre en place les moyens nécessaires pour que chacun-e puisse bénéficier de son droit à « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en relation avec la sexualité », comme défini par l’OMS,
- promouvoir des actions visant des changements structurels sociétaux, notamment par l’éducation aux sexualités pour toutes et tous, de manière ni jugeante ni stigmatisante, mais dans le respect des identités de chacun-e,
- amplifier l’offre en santé sexuelle dédiée aux populations les plus exposées aux risques d’infections par le VIH, souvent les plus éloignées du système de santé classique ; cette offre doit inclure soins et prévention et être délivrée dans un environnement sécurisant.