Par Bintou Dembele-Keita, Amira Herdoïza, Naoual Laaziz, Jeanne d’Arc Kabanga et Annette Ebsen Treebhoobun, Coordinatrices de Plateforme et administratrices de Coalition PLUS
D’après l’ONUSIDA, en 2021 5,9 millions des 38,4 millions de personnes vivant avec le VIH ne connaissent pas leur statut sérologique (15 %). Ces données nous rappellent toute l’importance du dépistage qui constitue la porte d’entrée vers la prise en charge en cas de découverte de séropositivité. Dépister, c’est ainsi permettre aux personnes vivant avec le VIH de bénéficier d’un traitement qui, s’il est bien pris, leur garantit une espérance et une qualité de vie comparables à celles des personnes non infectées. Dépister, c’est aussi impacter la dynamique épidémiologique en réduisant la charge virale des personnes prises en charge jusqu’à l’indétectabilité, de telle manière qu’elles ne transmettent plus le VIH.
Dans nos pays, à travers tout le réseau de Coalition PLUS, les épidémies sont majoritairement concentrées parmi des populations spécifiques qui sont particulièrement exposées au VIH en raison de facteurs cumulés de vulnérabilité. C’est le cas des travailleurs.euses du sexe, des hommes ayant des relations homosexuelles ou des usagers.ères de drogues. Aux pratiques sexuelles ou de consommation de produits psychoactifs s’ajoutent des facteurs de vulnérabilité sociale, comme la criminalisation, la stigmatisation et les discriminations, qui poussent les personnes dans la clandestinité et les éloignent des centres de prise en charge. À cela s’ajoute la difficulté de mettre en place des politiques de santé publique efficaces pour parvenir à toucher les personnes éloignées du soin.
Face à ces enjeux, les associations communautaires ont su apporter une réponse adaptée depuis plus d’une décennie déjà : le dépistage communautaire démédicalisé.
Assuré par des pair éducateurs.rices issus.es des communautés, avec qui ils et elles entretiennent une relation de confiance et de proximité, le dépistage communautaire se déploie au-devant des personnes, directement sur leurs lieux de sociabilité. À travers nos réseaux et nos Plateformes sous-régionales, nous avons pu décupler cette force communautaire en organisant des dizaines de formations bénéficiant à des centaines de pair éducateurs.rices à travers le monde. Dans les différents programmes que portent les Plateformes, nous constatons que nos associations parviennent à dépister des milliers des personnes quasi exclusivement issues des populations vulnérables, et dont près d’un tiers ont recours au dépistage pour la première fois. Plus récemment, avec l’avènement des tests de dépistage rapide combinés, on peut désormais dépister aussi les hépatites virales et les autres IST. Enfin, dans les pays dont les systèmes de santé sont particulièrement fragiles, partager les tâches aux non-soignants.es démultiplie les efforts et soulage le corps médical en palliant le manque de médecins.
À travers ce guide standard de formation au dépistage communautaire démédicalisé, nous avons souhaité partager et diffuser l’expertise développée par les réseaux et Plateformes de Coalition PLUS. Destiné aux chargés.es de programme de prévention qui souhaitent former leurs équipes de pair éducateurs.rices, ce guide standard fait la synthèse des différents guides utilisés dans nos Plateformes et réseaux, au cours de leurs activités de renforcement de dispositifs de dépistage. Par ailleurs, la contribution communautaire à la lutte contre le VIH n’est pas toujours reconnue à la hauteur de son efficacité. C’est pourquoi nous avons souhaité accompagner ce guide de différents exemples de réussites illustrant à différents niveaux la mise en œuvre du dépistage communautaire dans le réseau de Coalition PLUS.