Une urgence sanitaire mondiale qui frappe durement l’Afrique
L’épidémie de Mpox a été déclarée Urgence de Santé Publique de Portée Internationale par l’OMS en août 2024. Si l’épidémie semble sous contrôle dans de nombreuses régions du monde, l’Afrique Centrale et de l’Est reste gravement touchée, avec la République Démocratique du Congo (RDC) comme épicentre. En 2024, plus de 26 000 cas ont été recensés sur le continent, dont 96 % en RDC.
Partie de la RDC, l’épidémie s’est rapidement propagée, touchant aujourd’hui des pays jusque-là épargnés, tels que le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda. Au Burundi, le premier cas a été signalé le 25 juillet 2024. Face à cette situation, notre association partenaire burundaise est impliquée dans la réponse à cette crise sanitaire. Ingrid Sikitu, coordinatrice pour la région Afrique Centrale et de l’Est de Coalition PLUS, nous en parle.
Une propagation inégale et un défi sanitaire pour l’Afrique
Depuis le 25 juillet 2024, 1 579 cas de Mpox ont été confirmés au Burundi, soit un taux de positivité préoccupant de 44,5 % parmi les 3 454 tests réalisés (source : Ministère de la Santé Publique et de Lutte contre le SIDA, 30 octobre 2024). Ces données illustrent une transmission active de la maladie, exacerbée par des conditions sociales et sanitaires fragiles qui favorisent sa propagation.
« Cette propagation rapide s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, des systèmes de santé fragiles limitent la capacité de dépistage et de prise en charge. Ensuite, la stigmatisation sociale décourage certaines personnes à risque de chercher des soins. Enfin, l’accès inégal aux vaccins reste un défi majeur, avec une couverture encore insuffisante malgré les efforts déployés par l’OMS et les partenaires locaux. », précise Ingrid Sikitu.
Ingrid Sikitu
Une réponse coordonnée au Burundi
Au Burundi, notre association partenaire locale joue un rôle crucial dans la gestion de l’épidémie, grâce à des mesures adaptées et à une vigilance accrue.
Ingrid Sikitu, coordinatrice de la région Afrique Centrale et de l’Est pour Coalition PLUS, explique les initiatives clés mises en œuvre pour contrer l’épidémie de Mpox dans son pays :
« Nous avons renforcé la surveillance épidémiologique en participant activement à la commission de surveillance du Centre des Opérations d’Urgence de Santé Publique (COUSP), ce qui a considérablement amélioré la capacité de réponse nationale. Une commission interne dédiée au Mpox a également été mise en place pour identifier les cas suspects, qui sont rapidement pris en charge dans des centres spécialisés. Sur le terrain, nous avons instauré des mesures de prévention essentielles, comme le lavage des mains, la prise de température, la création d’espaces d’isolement et l’utilisation d’un véhicule dédié pour transporter les cas suspects vers les sites de prise en charge. »
Ingrid Sikitu
Ces actions permettent de limiter la propagation du virus tout en offrant un accompagnement efficace aux personnes suspectées et/ou touchées.
Agir ensemble pour une réponse efficace
Le Mpox continue de représenter un défi majeur en Afrique Centrale et de l’Est, notamment au Burundi, où des efforts coordonnés entre acteurs locaux et internationaux sont cruciaux. Grâce aux actions menées par notre association locale, la réponse s’intensifie, mais un soutien accru est nécessaire pour renforcer les capacités de dépistage, élargir la vaccination et combattre la stigmatisation.
En savoir plus sur le MPox
Qu’est-ce que le Mpox ?
Le Mpox est une maladie virale contagieuse causée par l’orthopoxvirus simien, réparti en deux principales variantes:
- Clade I (variante centre-africaine) : prévalant en RDC et dans les pays voisins,cette variante est associée à une mortalité élevée (jusqu’à 11 % des cas) et à une transmission rapide.
- Clade II (variante ouest-africaine) : présent au Nigeria, en Côte d’Ivoire et en Europe, cette variante est moins grave, avec une létalité maximale de 6 %.
Quels sont les symptômes les plus courants chez les personnes atteintes de Mpox ?
Les premiers symptômes de la Mpox sont les suivants :
- des éruptions cutanées
- des maux de tête
- de la fièvre
- des frissons
- des sueurs
- l’enflure des ganglions lymphatiques
- des douleurs musculaires
- de la fatigue
- des maux de gorge
Les symptômes qui apparaissent habituellement de un à trois jours après le début de la fièvre sont les suivants :
- éruptions ou plaies à la paume des mains et/ou à la plante des pieds
- éruptions ou ulcères dans la bouche
- éruptions ou lésions sur les organes génitaux et/ou à l’intérieur ou autour de l’anus ou du rectum
- douleur ou saignement à l’anus ou au rectum
La période d’incubation est généralement de 6 à 13 jours mais peut varier de 7 à 21 jours. Les symptômes peuvent disparaître en 2 à 4 semaines avec une prise en charge adéquate.
Quelles sont les populations les plus exposées ?
Certaines populations présentent un risque particulièrement élevé face au Mpox, en raison de leurs comportements ou de leurs environnements professionnels :
- Personnes ayant des partenaires sexuels occasionnels, nouveaux ou multiples, notamment dans des réseaux où la transmission interhumaine est soutenue.
- Hommes gays, bisexuels et HSH, chez qui le contact rapproché favorise la propagation du virus.
- Professionnels-elles du sexe, en raison de leur exposition fréquente et prolongée à des contacts physiques non protégés.
- Soignants sans équipements de protection individuelle et prestataires de première ligne s’occupant des patients-tes atteints-tes de Mpox.
- Préleveurs d’échantillons et personnel de laboratoires, particulièrement exposés lors des tests de dépistage.
- Partenaires et membres de la famille vivant sous le même toit qu’une personne infectée, soumis à des contacts étroits et réguliers.
- Personnes en contact avec des animaux sauvages, notamment dans les zones forestières d’Afrique centrale, orientale et occidentale, où le virus circule entre les humains et les animaux.
Quels sont les principaux modes de transmission du MPox ?
- le contact direct avec la peau (peau à peau)
- le contact direct avec des lésions cutanées, des gales et des liquides corporels, en particulier par contact sexuel
- les sécrétions respiratoires (par exemple, lorsqu’une personne tousse ou éternue)
- le contact avec des matières contaminées par le virus (par exemple, literie, lingerie, serviettes, pansements pour lésions, aiguilles, ustensiles de cuisine et vaisselle)
- La Mpox peut également se propager d’une femme enceinte au fœtus, ou d’un parent à un enfant pendant ou après la naissance.
- Le virus se propage de l’animal à l’homme mais il se transmet aussi entre les humains.