Le rôle de la France dans la lutte contre les maladies
L’impact des récentes décisions sur les financements mondiaux pour la lutte contre le VIH/sida, notamment la suspension par les États Unis en janvier 2025 du plan d’aide d’urgence à la lutte contre le sida à l’étranger (Pepfar) lancé par le président George W. Bush en 2003 et pierre angulaire de la lutte, constitue une menace immédiate et historique de reprise épidémique. Une suspension définitive de Pepfar entraînerait d ici 2029 la survenue de 6 millions de nouvelles contaminations et 4 millions de décès supplémentaires supplémentaires. Les retombées de cette décision se font déjà tristement ressentir : p lus de 40 000 personnes sont mortes à ce jour, dont plus de 4 000 enfants. Cette année représente un tournant majeur pour la santé mondiale, marquée par la suspension de Pepfar, et la reconstitution de plusieurs fonds multilatéraux en santé dont le Fonds m ondial, qui permet de financer la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme dans les pays en développement. La France, en tant que leader historique dans le domaine de la santé mondiale, est dans une position clé pour continuer à soutenir la lutte contre les pandémies, et ainsi renforcer les systèmes de santé et l’accès aux soins dans les pays les plus vulnérables.
Un rôle de leadership incontournable pour la France
La France a joué un rôle essentiel dans la lutte contre le VIH/sida et la riposte aux pandémies. La création du Fonds mondial et le soutien à l ONUSIDA sont des exemples concrets de son engagement en faveur de la santé mondiale. De plu s, par le biais de l institut Pasteur et de l ANRS MIE, la France a été pionnière dans le financement de la recherche sur le VIH et a contribué de manière décisive à la découverte de traitements innovants. Le président Emmanuel Macron a répété un engagement personnel fort, particulièrement depuis la reconstitution du Fonds mondial à Lyon en 2019, jusqu’à l inauguration de l’Académie de l’OMS à Lyon en décembre 2024. « Ce combat pour la santé mondiale est exigeant et je veux ici vous dire que la France l’assume et en est fière » déclarait il au forum sur la souveraineté sanitaire et l innovation vaccinale de juin 2024. La France a d ailleurs joué un rôle majeur à l OMS dans les négociations sur l Accord sur les pandémies, qui doit être adopté en 2025. Ces engag ements sont d’autant plus nécessaires dans un contexte mondial marqué par des défis de santé publique complexes. La France a une véritable opportunité de renforcer sa position de leader en soutenant des mécanismes de solidarité internationale qui auront un impact décisif sur la santé des populations vulnérables et sur la sécurité sanitaire mondiale.
Les attentes des citoyens nes français es en faveur de la solidarité internationale
Les Français-es manifestent un large soutien à l investissement de la France dans la santé mondiale. Une enquête réalisée par ViaVoice montre que 85% des Français es considèrent que la lutte contre le VIH doit rester une priorité de santé publique mondiale, et 91% estiment que des investissements coopératifs et solidaires dans la santé mondiale renforcent la sécurité sanitaire à l échelle planétaire. Ces données témoignent des valeurs de solidarité et de coopération qui animent les citoyens-nes français-es et soulignent l importance d un engagement continu de la France sur le financement de la santé mondiale.
Les bénéfices pour la France d'un soutien renforcé à la santé mondiale
Soutenir la lutte mondiale contre le VIH et les pandémies est dans l intérêt direct de la France, pour plusieurs raisons stratégiques :
- Renforcement de la sécurité sanitaire mondiale : les épidémies et pandémies n’ont pas de frontières et le soutien à la prévention de la propagation des maladies infectieuses renforce ainsi la sécurité sanitaire de tous les pays, y compris la France.
- Renforcement des partenariats internationaux : en continuant à investir dans la santé mondiale, la France consolide ses alliances internationales, en particulier avec les Nations unies et l Organisation mondiale de la santé (OMS). Cela renforce la position géopolitique de la France et son influence dans les discussions mondiales sur la santé.
- Impact économique positif à long terme : soutenir la lutte internationale contre les maladies infectieuses contribue à créer des sociétés plus résilientes et un développement économique. Cela diminue à terme les coûts sociaux et économiques liés aux épidémies et favorise un environnement mondial plus stable et prospère. Chaque dollar investi dans le Fonds mondial équivaut ainsi à 19 dollars de retour sur investissement.
Nos propositions pour un soutien renforcé à la santé mondiale
Face aux enjeux actuels, il est essentiel que la France continue d assurer un leadership dans la lutte contre le VIH et les autres pandémies. Pour cela, nous appelons le gouvernement à mettre en œuvre les quatre mesures suivantes :
- Augmenter le budget de l aide publique au développement, avec une attention particulière aux services de santé dans les pays des Suds. Cela inclut l accès à la prévention et aux soins essentiels, notamment pour la lutte contre le VIH et autres maladies infectieuses.
- Réinstaurer l’allocation des recettes des taxes innovantes (taxe sur les transactions financières et taxe sur les billets d avion) à la solidarité internationale , afin de garantir un financement ambitieux et pérenne pour la santé mondiale.
- Porter un soutien ambitieux au Fonds mondial tant sur le plan financier que politique, avec un engagement fort lors de la conférence de reconstitution prévue en fin d année. La France doit être un moteur de la reconstitution du Fonds mondial, contribuant ainsi à l élimination des grandes épidémies dans les années à venir.
- Protéger et renforcer l’Initiative, mécanisme bilatéral français clé qui soutient et amplifie les efforts du Fonds mondial et renforce les systèmes de santé communautaires, tout en permettant une meilleure préparation face aux futures pandémies.
Créée en 1984, AIDES est la première association de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales en France et en Europe. Depuis plus de 40 ans, AIDES agit avec et a uprès des populations touchées ou exposées au VIH/sida et aux hépatites virales afin de réduire les nouvelles infections, et pour les accompagner vers le soin et dans la défense de leurs droits.
Créée en 2008, Coalition PLUS est un réseau international d organisations communautaires de lutte contre le VIH/sida et les hépatites virales, engagées pour les droits et la santé des populations clés de l’épidémie.