
La lutte contre le VIH s’enlise dans une crise majeure
Depuis l’annonce du gel des financements américains le 20 janvier dernier, la situation mondiale de la lutte contre le VIH connaît une détérioration rapide. Selon les modélisations de la plateforme PEPFAR Impact Counter, l’interruption des services aurait déjà entraîné un sur-risque de mortalité sur plus de 33 000 adultes et 3 500 enfants.
Le paraphe de Donald Trump pourrait, selon l’ONUSIDA, provoquer 6,3 millions de décès supplémentaires d’ici à 2029. Cette décision provoque un effet domino dévastateur, en particulier dans les pays aux systèmes de santé déjà fragiles.
Plus de 5 000 programmes de santé publique ont été arrêtés du jour au lendemain. Près de 73 % des financements mondiaux contre le VIH ont été stoppés abruptement.
Sur le terrain, les effets sont immédiats et sans appel : des services fermés, des traitements interrompus, des patients-es abandonnés-es.
"Nous travaillons toujours, mais bénévolement. Le propriétaire a mis un verrou sur la porte de la clinique parce qu’on n’a pas payé le loyer. On n’a plus accès aux dossiers des patients-es."
- témoignage anonyme du terrain
Le désengagement des États-Unis provoque un séisme mondial
Aujourd’hui, sans l’aide américaine, voici les effets dans le monde :
- Des cliniques ferment dans plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique latine
- Des pénuries de tests de dépistage, de traitements ARV, de PrEP et de préservatifs
- Des personnes doivent payer elles-mêmes leurs traitements, quand ils sont encore disponibles
Les pairs éducateurs-rices ne sont plus indemnisés, et les populations marginalisées sont livrées à elles-mêmes
"J’ai dû revenir à mon traitement d’avant, qui provoque de lourds effets secondaires sur moi, car nous n’avons plus les moyens d’acheter celui que je prenais."
- témoignage anonyme du terrain
Des populations clés ciblées
L’administration américaine a également instauré une censure dans les publications scientifiques, en interdisant l’usage de certains termes comme “femme”, “transgenre” ou “LGBT”. Pourtant, ce sont précisément les populations chez qui l’on observe les taux de prévalence et d’incidence les plus élevés.
Cette offensive idéologique se traduit concrètement par l’arrêt de programmes essentiels à la prévention. Privées d’accompagnement communautaire, ces populations, déjà fortement stigmatisées, se retrouvent coupées de tout accès aux soins.
Face à une insécurité sanitaire mondiale
Le VIH n’a pas de frontières. Si l’épidémie repart dans certaines régions, le monde entier en paiera les conséquences. Comme le rappelle Vincent Leclercq, directeur général de Coalition PLUS, dans une interview pour Libération :
« On est à la veille d’une insécurité sanitaire mondiale. Le risque est d’être face à un virus incontrôlable : des personnes en rupture de traitement vont rationner le peu de comprimés qui leur reste, et une dose insuffisante favoriserait les résistances. »
Vincent Leclercq
Selon l’ONUSIDA, le retrait du soutien américain pourrait entraîner d’ici 2029 :
- 6,3 millions de décès supplémentaires
- 8,7 millions de nouvelles infections
- 3,4 millions d’orphelins du sida
Ce que fait Coalition PLUS
Face à l’urgence, Coalition PLUS agit sur plusieurs fronts :
- Apporter une aide financière d’urgence aux associations communautaires en grande difficulté,
- Décrypter les décisions internationales pour informer et orienter les actions de terrain,
- Plaider pour la défense du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la paludisme et des mécanismes de financement innovants comme la Taxe sur les transactions financières (TTF),
- Accompagner les associations communautaires à participer à l’élaboration de stratégies d’autonomisation des systèmes de santé dans leurs pays, qui prenne en compte les besoins des communautés les plus à risque.
Un don est notre seule garantie de stabilité et de résilience face à cette crise sans précédent.