Objectif 3×10% : une stratégie clé pour faire reculer le VIH

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Nous ne gagnerons pas la lutte contre le VIH avec les seules avancées médicales. Les barrières sociales, juridiques et économiques restent des freins majeurs à l’accès aux soins pour des millions de personnes à travers le monde. C’est un choix politique et financier.

Dans un contexte marqué par la diminution drastique des ressources financières et la montée des attaques aux droits humains, la stratégie 3×10%, portée par l’ONUSIDA, poursuit un objectif de réduction des obstacles sociaux indispensables à la riposte au VIH. 

Qu’est-ce que l’objectif 3x10% ?

Les services de prévention du VIH et de traitement n’atteindront les personnes que si les droits humains sont respectés, si les lois injustes à l’encontre des femmes et des communautés marginalisées sont abrogées et si le thème de la discrimination et de la violence est pris à bras le corps.

Lancé dans le cadre de la Stratégie mondiale de lutte contre le sida, l’objectif 3×10% vise à réduire trois grands obstacles structurels à la réponse au VIH d’ici 2030:

  • Moins de 10 % des personnes vivant avec le VIH ou des populations clés sont confrontées à la stigmatisation et à la discrimination.

  • Moins de 10 % subissent des inégalités ou violences basées sur le genre, notamment les femmes et les filles.

  • Moins de 10 % sont affectées par des lois ou politiques punitives entravant l’accès aux droits, à la justice et aux services de santé.

Pourquoi ces objectifs sont-ils cruciaux ?

«Les leaders mondiaux se sont engagés à mettre fin à la pandémie de sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Les dirigeants et dirigeantes peuvent tenir leur promesse, mais uniquement en s’assurant que la riposte au VIH dispose des ressources dont elle a besoin et que les droits humains de tous et toutes sont protégés»

1. Parce que la stigmatisation tue

Quelqu’un qui vit dans la peur d’être discriminé hésitera à se rendre aux services de dépistage, de prévention et de traitement. Et chaque personne non diagnostiquée ou non traitée représente un risque accru pour la transmission du VIH.

2. Parce que les femmes et les filles sont en première ligne

Les jeunes femmes et les adolescentes en Afrique subsaharienne représentent plus de 25 % des nouvelles infections par le VIH alors qu’elles ne constituent qu’environ 10 % de la population. Les violences et inégalités dont elles sont victimes aggravent leur vulnérabilité.

3. Parce que criminaliser ne soigne pas

Criminaliser les populations vulnérables – qu’il s’agisse des travailleurs et travailleuses du sexe, des personnes LGBTQI+ ou des usagers et usagères de drogues injectables – ne fait qu’augmenter leur isolement et les empêcher d’accéder aux services. Une réforme législative est donc essentielle.

La fin du VIH plus que jamais un choix politique et financier

Les engagements pris par les dirigeants et dirigeantes pour mettre fin au sida d’ici 2030 sont encore réalisables – mais à une condition : que les droits humains soient pleinement intégrés à la réponse au VIH. Aujourd’hui, les populations clés représentent 55 % des nouvelles infections, contre 45 % en 2010. Un signe alarmant, qui montre que les barrières sociales n’ont pas été levées.

Dans le monde, certaines réformes nationales ont montré que des avancées étaient possibles : intégration des soins VIH dans des systèmes d’assurance, reconnaissance des droits des minorités sexuelles, financements locaux innovants, etc. Mais ces efforts restent isolés. Une mobilisation politique mondiale est indispensable pour généraliser ces approches fondées sur les droits humains et reprendre en main ce problème de santé publique.

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