Fonds mondial : face aux désengagements financiers, les communautés restent debout

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© The Global Fund / Vincent Becker

Cette semaine, nombre d’entre nous étions mobilisé·es pour la Semaine Internationale du Dépistage, mais aussi pour les derniers efforts en vue de la reconstitution des ressources du Fonds mondial. Coalition PLUS a été fortement engagée aux côtés d’AIDES pour obtenir une contribution française à la hauteur de son statut de deuxième contributeur historique. Ce vendredi 21 novembre se tenait à Johannesburg, en Afrique du Sud, le sommet de reconstitution des ressources qui permet de collecter les financements de donateurs publics et privés pour financer la prévention et les traitements des malades.

Les résultats sont catastrophiques. Loin des 18 milliards de dollars visés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en réalité un strict minimum, les contributions atteignent péniblement les 11,34 milliards, soit 4 milliards de moins qu’en 2022. Illustration de son désengagement, la France n’a pas été représentée par le Président de la République alors même qu’il se trouvait sur le territoire sud-africain, et le pays a refusé d’annoncer une contribution. Les Etats-Unis se maintiennent quant à eux en position de premier contributeur, malgré les coupes meurtrières du PEPFAR et de l’USAID en début d’année, et une diplomatie agressive contre l’autonomie sanitaire des Etats et les droits des communautés affectées par les maladies.

Ces résultats s’inscrivent dans un contexte grave pour la lutte contre le VIH/sida. Les conséquences des baisses de financements, dont les premiers effets mesurés en mars étaient déjà catastrophiques, continuent de mettre en péril les associations communautaires. La montée en puissance des mouvements réactionnaires partout dans le monde s’accompagne de coupes budgétaires et d’une dépriorisation délibérée de la lutte contre le VIH et les maladies transmissibles. 22,6 millions de décès supplémentaires sont prévus d’ici 2030 en raison des coupes budgétaires des États-Unis et de l’Europe. En comparaison, le nombre de décès supplémentaires dans le monde dus à l’épidémie de COVID-19 a été estimé à 14,9 millions. 

L’écart avec les besoins réels est immense. Si le Fonds mondial avait atteint son objectif de 18 milliards, la lutte contre les maladies aurait tout de même été confrontée à un déficit de financement critique de 29,4 milliards de dollars US (soit 21 % des besoins). Ces estimations ont été établies avant les coupes budgétaires de l’année 2025, dont celles de l’aide bilatérale étatsunienne. Dans un contexte d’instabilité économique, d’endettement important, et d’espaces fiscaux réduits, les pays à revenu faible et intermédiaire n’ont pas la capacité de combler un tel gouffre.

Les conséquences sont dramatiques. Cette reconstitution n’est pas simplement décevante. Elle laisse mourir plus de huit millions de personnes, rend possible plus de 147 millions de contaminations évitables, prive près de 10 million de personnes d’accès à un traitement antirétroviral, empêche 9 millions de personnes d’accéder à un dépistage pour la tuberculose et annule la livraison de plus de 733 millions de moustiquaires dans les zones à risque du paludisme. L’insuffisance des financements aggrave l’exclusion de services vitaux pour les populations les plus marginalisées. Elle fragilise les systèmes de santé des pays les moins développés. Elle expose le monde entier à des risques sanitaires majeurs. Elle risque de saper vingt années de lutte contre le VIH/sida.

Mais il y a des choses que l’insuffisance des financements ne fera pas. Elle n’apaisera pas la colère des personnes affectées et des associations communautaires, qui restent toujours présentes, en première ligne. Elle ne brisera pas les liens de la solidarité entre pairs et la force de l’organisation collective, du point de dépistage aux instances onusiennes. Elle n’effacera pas ce que des décennies de lutte et de recherche ont démontré : les interventions communautaires sont vitales, et il n’y a pas de réponse efficace contre les maladies qui ne les incluent pas. L’insuffisance des financements ne nous empêchera pas de nous faire une place dans les discussions qui nous concernent, et de le faire bruyamment s’il le faut. Elle ne nous condamne ni à l’inaction, ni au silence

Coalition PLUS est une association Don en Confiance depuis 2016. Don en Confiance est un organisme indépendant qui contrôle la bonne utilisation des dons. Pour en savoir plus : www.donenconfiance.org

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