Pour la cinquième année consécutive, Coalition PLUS et son réseau d’associations partenaires à travers le monde se mobilisent pour une semaine de dépistage intensif du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST). Du 18 au 24 novembre, cet évènement – devenu la plus vaste opération de dépistage du VIH et des IST à l’échelle internationale – fera son lancement officiel au Caire, en Égypte, en partenariat avec l’association locale Al Shehab.
La cérémonie d'ouverture sera diffusée en direct lundi 18 novembre à 16h, heure du Caire / 14h GMT
Plus de 70 organisations participent dans une cinquantaine de territoires
Afrique subsaharienne : Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cap-Vert, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée Bissau, Madagascar, Mali, Mozambique, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République de Maurice, République du Congo, Rodrigues, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Tanzanie, Tchad, Togo, Zanzibar
Afrique du Nord et Moyen-Orient : Algérie, Egypte, Liban, Maroc, Mauritanie, Tunisie
Amérique du Nord : Canada
Amérique latine et Caraïbes : Argentine, Bolivie, Brésil, Colombie, Équateur, Guatemala, République dominicaine
Asie : Hong-Kong, Inde, Indonésie, Malaisie, Timor-Leste
Europe : Belgique, Espagne, France, Portugal, Roumanie, Ukraine
Un rendez-vous devenu incontournable dans la lutte contre le VIH
Présentée lors de la conférence internationale de lutte contre le VIH “IAS 2024” à Munich, la Semaine Internationale du Dépistage (SID) a fait l’objet d’une attention particulière par toute la communauté. Et pour cause : chaque année, les résultats de cette initiative ne cessent de croître, démontrant l’impact majeur de cet effort collectif.
En tout, 194 000 tests ont été réalisés depuis la première édition.
Crédit photo : Coalition PLUS / Kasra Rucci (Malaisie)
« Lancée en 2020 en réponse à la suspension des campagnes de dépistage pendant la pandémie de Covid-19, cette opération est aujourd'hui un modèle éprouvé en matière de lutte contre le VIH. Nous sommes passés de 20 000 tests en cinq jours à 73 931 tests, marquant une augmentation de 208,5% en l’espace de quatre éditions », s'enthousiasme Nicolas Ritter, coordinateur interne de l'événement.
Nicolas Ritter
Une approche globale : VIH, hépatites, et cancers
Au-delà du dépistage du VIH, cette semaine met également en avant des tests pour les hépatites virales (B et C), la syphilis, et même certains cancers comme celui du col de l’utérus ou de l’anus. Cette approche globale répond aux besoins de santé spécifiques des populations marginalisées, souvent oubliées par les systèmes de santé traditionnels.
Focus sur la région du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord
Pour sa cinquième édition, la SID braque ses projecteurs sur la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), où les défis liés au VIH sont sous-médiatisés.
« La région souffre de lacunes importantes en matière d'accès au dépistage et de sensibilisation, ce qui entraîne des diagnostics souvent tardifs et une attention insuffisante envers les populations à risque. Entre 2010 et 2023, ces manquements ont conduit à une augmentation alarmante de 116 % des nouvelles infections. Actuellement, la région peine toujours à atteindre les objectifs de couverture fixés par l'ONUSIDA pour 2025 », explique le Dr Lahoucine Ouarsas, coordinateur de la région MENA pour Coalition PLUS.
Dr Lahoucine Ouarsas
Crédit photo : Coalition PLUS / Mobarak Saad (Egypte)
Lancement au coeur de la capitale de l’Egypte
Le Caire, mégalopole du Moyen-Orient, a été choisie comme ville de lancement. Avec une population de 102,3 millions d’habitants, l’Égypte est le pays le plus peuplé du Moyen-Orient et le troisième d’Afrique. L’épidémie y est peu active au sein de population générale mais concentrée parmi les populations clés que sont surtout les usagers-ères de drogue par voie intraveineuse, les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les travailleurs-euses du sexe.
En Égypte, la stigmatisation sociale entourant le VIH reste l’une des principales barrières au dépistage, y compris parmi les professionnels-elles de santé, ce qui éloigne encore davantage les populations à risque des soins. Une étude* de 2022 a révélé que :
- 40 % des professionnels-elles de la santé refusaient de s’occuper des patients vivant avec le VIH.
- 78,7 % pensaient que les personnes séropositives devraient avoir honte de leur statut.
Cette stigmatisation est particulièrement forte envers les populations à risque :
- 35 % des professionnels-elles préfèrent ne pas traiter les usagers de drogues injectables.
- 48 % refusent les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
- 43 % ne souhaitent pas prendre en charge les travailleuses du sexe soupçonnées d’être infectées par le VIH.
Dans ce contexte, la Semaine Internationale du Dépistage offre une opportunité unique de dépasser ces barrières.
« La réussite de cet événement réside dans son approche communautaire. Grâce à l’implication des pairs éducateurs-rices, issus des communautés elles-mêmes, ces derniers sont en mesure d’approcher les groupes les plus éloignés des soins et de les amener vers un dépistage, y compris celles et ceux qui n’ont jamais été testées auparavant », explique Nicolas Ritter, coordinateur de l'événement.
Nicolas Ritter
Cette stratégie porte ses fruits puisque 41 % des personnes dépistées lors de la précédente édition effectuaient leur premier test, et 2,4 % des tests se sont révélés positifs. Ces résultats soulignent l’importance cruciale de l’approche communautaire, surtout dans une région où une personne sur trois ignore toujours son statut sérologique. Le dépistage reste la première étape indispensable pour freiner l’épidémie.
*Kabbash, Ibrahim Ali. « Policies and key recommendations on alleviating stigma and discrimination against vulnerable populations and people living with HIV/AIDS at healthcare settings. » Report submitted to Al-Shehab Institution for Comprehensive Development, n.d. (2022)