En Roumanie, la pénurie de traitements contre le VIH n’est pas un phénomène récent. Selon Nicoleta Dascalu, cheffe de projet à ARAS, association membre de Coalition PLUS, ce problème est récurrent depuis la chute du régime communiste dans les années 90. Pourtant, ces traitements sont vitaux pour les personnes séropositives et indispensables pour réduire les nouvelles infections.

Les causes de la pénurie de stock de traitements antirétroviraux
Bien que l’État roumain couvre à 100% le traitement contre le VIH, la situation n’est pas pour autant facile pour les personnes séropositives.
En effet, ces dernières doivent faire face à des ruptures récurrentes de stock de traitement. En cause, un problème de financement émanant du Ministère de la Santé.
« Ils se renvoient la balle ! Le ministère de la santé accuse le ministère des finances de lui donner trop peu d’argent et donc, ils nous répondent qu’ils ne peuvent rien faire face à la situation. » Nicoleta Dascalu, cheffe de projet à ARAS
Aujourd’hui, une personne vivant avec le VIH sous traitement efficace a une espérance de vie similaire à une personne n’ayant pas contracté le virus. Par ailleurs, elle ne transmet pas le VIH.
La disponibilité en continu des traitements antirétroviraux est donc cruciale, à la fois au niveau individuel et au niveau collectif, afin de stopper l’épidémie.
Or, les fréquentes pénuries de médicaments créent une forte incertitude, qui affecte la santé et la vie des Roumains-aines vivant avec le VIH et freine la riposte à l’épidémie au niveau national.

Des financements internationaux qui s’amenuisent
Depuis le 15 novembre 2021, la Roumanie n’est plus éligible au financement du Fonds Mondial. Effectivement, le pays est aujourd’hui considéré comme « pays riche » par la Banque Mondiale. Il devra donc se contenter des financements nationaux pour ses programmes de lutte contre le VIH.
Malgré des budgets nationaux insuffisants et un manque d’engagement de l’État, ARAS poursuit ses activités : en mobilisant des fonds privés et en puisant dans ses fonds propres. L’association a donc dû trouver des alternatives, soit « des petits financements à gauche, à droite » nous explique Nicoleta. Mais, c’est loin d’être suffisant.
Concrètement, à Bucarest, 10 000 personnes usagères de drogue auraient besoin d’un soutien. Actuellement, les ressources de l’association ne lui permettent d’accompagner que le quart de cette population, et ce, sans couvrir totalement les besoins des personnes.
Selon les statistiques officielles, ces 5 dernières années :
- autour de 15% des nouveaux cas VIH ont été recensés parmi les usagers de drogues
- autour de 25% ont été recensés parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Par ailleurs, l’association a réussi à obtenir des financements privés pour un programme de réduction des risques à Titan. Aussi, ils devront faire appel à leurs fonds propres pour leur programme de sensibilisation et prévention. Ce manque de moyens financiers ne permet pas à l’association d’apporter une réponse totale à la riposte au VIH sur le plan national.
C’est pourquoi il est important pour ARAS de faire partie d’un réseau international tel que Coalition PLUS.
En effet, les fonds que nous levons auprès d’organismes publics et para-publics, sous forme de subventions, ainsi que les dons que nous collectons auprès des particuliers et entreprises privées, sont utilisés pour soutenir les actions menées par nos associations membres, comme ARAS. Par ailleurs, grâce à notre cellule plaidoyer, les difficultés identifiées sur le terrain sont portées par notre coalition au niveau international.

L’association roumaine anti-sida (ARAS)
ARAS a été fondée en 1992, à Bucarest. Première ONG roumaine, elle s’est fixée comme objectifs la prévention du VIH/sida, ainsi que le soutien matériel, psychologique et social des personnes affectées par la maladie et leurs proches.
L’association roumaine a rejoint Coalition PLUS en 2012.