« Je ne soignais pas le sida, je le vivais »

La Journée internationale des droits des femmes ne se limite pas au 8 mars pour Coalition PLUS. Nous vous présentons le parcours de Safiatou Thiam, ancienne ministre de la Santé du Sénégal et Présidente de Coalition PLUS Afrique.

Pouvez-vous présenter  votre parcours ?

Médecin de formation, j’ai consacré 20 ans de ma vie à combattre le VIH. En tant que Ministre de la santé du Sénégal de 2007 à 2009, j’ai contribué à l’élaboration des politiques de santé publique et dirigé plusieurs plans stratégiques de lutte contre la maladie. J’ai multiplié les missions de conseillère auprès des institutions internationales dédiées à la lutte contre le sida (ONUSIDA, PNUD, OMS, Fonds Mondial). Spécialisée dans les maladies infectieuses et la santé de la reproduction, je dirige le Conseil National de Lutte contre le Sida du Sénégal depuis plus de 2 ans. Je suis également membre active de plusieurs organisations communautaires et sociétés scientifiques.

Quel est votre engagement dans la lutte contre le sida?

Médecin dans les services des maladies infectieuses dans les années 1990, j’ai vite été confrontée au sida et à la souffrance physique et mentale de mes patients. A cette époque, un diagnostic de séropositivité au VIH annonçait généralement une issue fatale. Le choc psychologique était terrible et le lien patient-médecin fondamental. Chacun de mes patients fait partie de mon histoire. Je ne soignais pas le sida, je le vivais. Cette immersion en milieu hospitalier fut une expérience déterminante pour la suite de mon parcours.

Quel avenir voyez-vous pour la lutte contre le sida ?

Depuis 30 ans, les progrès dans la lutte contre le sida sont manifestes et la maladie recule. Si tous les espoirs sont permis, la lutte contre le VIH reste une urgence. Nous savons aujourd’hui ce qu’il faut faire pour y mettre un terme, mais il nous faut nous donner les moyens de la réussite. La fin du sida passera par une volonté politique commune, constante et indéfectible et la mobilisation des ressources nécessaires.

Quelle est la place des femmes dans lutte contre sida au Sénégal ?

La femme africaine est au cœur de la riposte au sida et sa contribution sera décisive dans la phase que nous engageons aujourd’hui. Les femmes sénégalaises se rassemblent et s’organisent pour occuper une place centrale dans nos sociétés en mutation, pour travailler à la construction du Sénégal de demain.

 

Au Sénégal, l’épidémie en chiffres :

  • 44 000 personnes vivent avec le VIH dont :
    • 3 700 enfants âgés de 0 à 14 ans
    • 17 000 femmes âgées de 15 ans et plus
  • 2 400 décès ont été dénombrés en 2014

 

Dans le monde

  • En 2014, 36.4 millions de personnes étaient atteintes du VIH et 2 millions nouvellement infectées
  • Le sida reste la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans
  • Au total, 7 000 filles de 10 à 24 ans sont infectées chaque semaine par le VIH

 

Sources : ONUSIDA et Fonds Mondial

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